Voici la
suite de mes aventures au nord de la France.
Après
deux semaines en Normandie avec les enfants, on s’est payé un deux semaines
sans, on allait pouvoir se promener un peu tout nu. On a d’abord été les reconduire
à l’aéroport. Ma mère, ma sœur et le beauf revenaient en même temps qu’eux,
c’était parfait. Puis, direction la Bretagne, mais en passant par les
merveilleux jardins de Monet. Petit jour pluvieux, mais on est encore au début
de l’été, alors les fleurs sont, et bien, en fleurs. J’aimerais bien y
retourner un jour et faire comme l’ancien propriétaire des lieux et passer des
heures à dessiner ce magnifique endroit, même si je trouve que dessiner des
plantes ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile.
LE DESSIN À DROITE A ÉTÉ FAIT 18 ANS AVANT CELUI À GAUCHE. |
On
continue, arrêt lunch à Dinard avec vue sur Saint-Malo : terrine de homard
à la fine champagne sur baguette moutardée, on est en France : miam! On a couché à Plurien, où il y avait au
moins un hôtel (jeu de mots ici). Parcouru le cap Fréhel aux superbes vues
plongeantes sur la mer et ses colorés tapis de fleurs. Visité Fort La Latte, au
bout du sentier et du cap. Il datte du XVIe siècle et est en très bon état.
JE NE VOUS DIS PAS QUI A FAIT QUOI DE NOUS DEUX DES FOIS QUE, COMME MOI, VOUS TROUVERIEZ QUE SES AQUARELLES SONT MEILLEURES. |
Île de
Bréhat : on stationne en face, puis on prend une navette qui vous amène de
l’autre côté en dix minutes. On couchera au charmant Hôtel Bellevue, le premier
hôtel sur le port, difficile d’aller plus loin sans voiture. C’est un endroit
fort joli, le paysage est un peu lunaire: il n’y a que quelques arbres et des
formations rocheuses de granit rose. On a visité en vélo de location.
Bon, ici je vais vous révéler un trait de mon caractère, en fait c’est un défaut que j’ai constaté dans bien des couples et chez les deux sexes. C’est qu’on s’attend souvent à quelque chose de l’autre qui ne vient pas parce que, et c’est normal, le cerveau de l’autre ne suit pas la même logique que le nôtre.
Alors, ma douce et moi, nous devions aller écouter un concert à l’église Notre-Dame des Bonnes-Nouvelles sur l’île, à une certaine heure, mais j’ai dû aller chercher quelque chose dans la voiture, aucune idée quoi, sûrement pas de l’argent. Je devais donc prendre la navette, courir à l’auto, prendre ce que je voulais, puis revenir, si possible, avec la même navette avant le concert. J’imagine que j’avais peur qu’il n’y ait plus de billets. Après tout, c’était un concert a capella de Psaumes de la Réforme par l’ensemble Claude Goudimel. Vous comprenez que ça devait être très couru, le show de l’année!
Toujours
est-il que j’arrive au quai, cours vers l’hôtel et j’aperçois ma compagne, bien
assise sur le balcon du premier qui fait une petite aquarelle, sûrement avec
amour et pour me faire plaisir. Mais, moi dans mon anxiété bien inutile, je
suis furieux et je le lui dis, puis j’imagine que j’ai boudé comme c’est mon
habitude. J’imagine que j’aurais voulu qu’elle m’attende en position de départ,
comme pour un sprint. J’ai peut-être à ce moment-là bousillé sa carrière
d’artiste et un peu notre couple. On s’est réconcilié, bien sûr, mais c’était
une leçon…qui n’a servi à rien, car de la chicane, je ne sais pourquoi, on en
trouve toujours.
Voici un autre exemple vécu avec
quelqu’un d’autre : je me vois revenir de faire l’épicerie avec trois ou
quatre sacs, j’ouvre la porte de la maison et je m’attend à ce qu’elle se
précipite pour m’aider, ce qu’elle n’a pas fait et ça m’a mis de mauvaise
humeur. Mais, alors j’ai eu un flash : si j’avais été seul, j’aurais tout
apporté moi-même, tout vidé les sacs et rangé sans maudire, ni mot dire. Pourquoi
faut-il toujours s’attendre à quelque chose des autres? Et, je sais que plus un
couple vieilli plus ce genre de reproches revient souvent. À l’opposé, si
l’autre ne veut jamais vous aider, là, vous avez vraiment un problème.
Ici, j’aimerais
vous faire remarquer qu’on était un jeune couple (2 ans à peine) et que nous
avons eu beaucoup de moments doux et agréables que je ne tiens pas à raconter
ici. En fait je ne m’en souviens pas vraiment. Autre sujet de discussion
profonde : pourquoi se souvient-on précisément des moments désagréables qui vous piquent au
cœur, alors que les moments d’amour semblent être aussi fugaces et évanescents qu’un
rêve? Si on pouvait accumuler les moments d’amour comme on semble accumuler les
instants de rancœur, ça changerait tout, me semble!
Bon,
après ce passage «psycho pop », on va revenir au voyage. Finalement, après
Bréhat, on fait encore un petit bout de côte au nord vers Ploumanac’h :
encore des falaises, encore du granit rose aux formes presqu’humaines.
Puis, on pique à travers le cœur de la Bretagne, un long no man’s land caillouteux perdu au milieu des terres et parsemé de petites maisons genre blocs de béton gris. Dans cette vaste contrée dénudée, on comprend mieux pourquoi ils n’avaient rien de mieux à faire que de se « gosser » des calvaires, au demeurant magnifiques, dans leurs enclos paroissiaux. On a visité en passant, celui de Saint-Thégonnec, de Saint-Miliau et de Saint-Germain l’Auxerrois.
Pour tout ceux qui ne le savent pas, un calvaire est d’abord un crucifix avec le Christ en croix, autour duquel on sculpte des personnages et des scènes de la Bible. D’après ce que j’ai compris, les villages se faisaient compétition entre eux pour avoir le plus élaboré. C’est pour cela, d’ailleurs, que je n’en ai pas dessiné un, ça m’aurait pris une journée complète.
Mais, si on est ici, c’est entièrement de ma faute. Avant de partir de Montréal, j’ai acheté un livre qui parlait des belles randonnées à faire en Bretagne, et l’une d’elle était sur le cap de la Chèvre et je ne sais pourquoi, j’ai décidé qu’on y allait. Si vous regardez sur un carte, c’est presque le plus au nord et à l’ouest qu’on peut aller dans ce pays de France et pour y arriver il faut traverser la Bretagne d’un bout à l’autre par l’intérieur et on s’entend que ce qu’il y a de beau ici, ce sont plutôt, les vues qu’on a sur la mer. C’est bien moi ça et après je dis que je ne suis pas directif, autocratique, dominateur, exigeant, inflexible, intraitable, tyrannique ou même pète-sec.
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