Bon, je vous avais
promis la version finale de ma couverture de livre, mais j’ai pensé vous donner
d’autres précisions sur mon cheminement. Ainsi, quand j'ai eu ce contrat, je me
suis dit que ce serait plaisant de retourner à un atelier de modèles vivants,
que personnellement j'appelle atelier de "toutnus". Qui a jamais
entendu parler d'un atelier de modèles morts, ça ressemble à une périphrase pour
ne pas dire ce que c'est vraiment. Il y a bien Leonardo Da Vinci qui a vraiment
dessiné des morts qu’il coupait et décortiquait pour en étudier l’anatomie,
mais il devait appeler ça « trom elédom eb reileta».
En fait, j’y pense,
le terme "vivant" a peut être été choisi pour être en opposition aux natures
mortes qui ne sont pas si mortes que ça, c’est certain qu’un fruit ça ne bouge
pas trop, mais c’est quand même très vivant. En tous cas!
Ça devait faire au moins
trente ans que je n’avais pas été dans un tel atelier, en fait, je pense que
j’ai arrêté d’y aller quand Monsieur Metz, à l’UQAM, m’a embauché à 29 ans pour
enseigner trois cours de, devinez quoi? de modèle vivant, bien sûr! Et je dois
avouer que ça m’a pris beaucoup de courage pour affronter ces 75 jeunes gens. J’ai dû, aussi, travailler fort pour me
convaincre que j’étais à la hauteur. Ce que je me dis aujourd’hui, c’est que
même si je n’étais pas un grand maître du dessin, j’en savais toujours un peu
plus qu’eux.
J’ai dû remplacer au
pied levé un monsieur qui aimait trop les jeunes dames à qui, semble-t-il, il
donnait des cours privé. Il y avait même un trou dans la porte de son bureau
par où il observait les modèles. Ce ne sont que des ouïs-dires, mais il n y a
pas de fumée sans feu!
UNE ESQUISSE DE 5 MINUTES UNE AUTRE DE 10 AVEC UNE TÊTE TROP PETITE ET UNE PAS JOLIE MAIN |
Pour en revenir aux
ateliers, j’ai été surpris de voir, primo, qu’il y en a beaucoup à Montréal et secundo,
qu’ils sont très fréquentés. Il y a même des "apporter votre vin" ou d’autres
avec des modèles en dessous sexy.
J’ai fait beaucoup de
dessins en atelier dans ma vie, mais, plus des habillés et costumés que des
nus, parce que j’ai fréquenté une école d’illustration et non les Beaux Arts.
Je me souvenais que le modèle nu était beaucoup plus difficile, pour la simple
raison qu’on ne peut utiliser de subterfuge, il faut dessiner ce que l’on voit.
Il peut y avoir interprétation, dans le style ou dans les proportions, mais il
faut avoir un minimum de connaissances anatomiques pour que ce soit solide et ça, c’est quelque chose qui s’est perdu dans nos écoles, au fil du temps.
Je me souvenais aussi
que le plus grand défi, c’était de mettre une tête et des mains et/ou des pieds bien
dessinés sur un corps bien rendu. Il y a une peintre québécoise, dont je tairai
le nom, qui fait illusion en ne dessinant que des torses : Bébé fafa! Demandez-vous
pourquoi elle ne dessine jamais les extrémités? Elle dessine bien des portraits, mais quand on les regarde,
on voit, de suite, qu’elle ne dessine pas très bien. On peut vanter son coup de
pinceau, sa vitalité, mais le dessin non, vraiment pas et il me semble que ça
devrait être à la base de tout. Moi, j’appelle ça de la décoration pour lofts
et non de l’art.
DES VINGT MINUTES |
Personnellement, je me
considère comme un dessinateur moyen, à l’époque de Toulouse-Lautrec ou avant,
j’aurais été vu comme très ordinaire. Si vous regardez les toiles de
Benjamin-Constant, qu’on peut voir au musée des Beaux Arts en ce moment, il y a
là une maîtrise absolue du dessin. On ne retrouve plus ça aujourd’hui. À
présent, on favorise l’expression, mais il me semble que ça prend quand même
une base solide de dessin. Même quand je vois une toile abstraite, je sais si
celui ou celle qui l’a peinte sait dessiner ou pas. C’est clair pour moi au
premier coup d’œil, je vois immédiatement s’il y a ce contrôle.
Mais, je peux bien
critiquer cette peintre un peu, elle est plus connue, plus riche et célèbre que
moi et elle vit à New York, elle, pas à côté du métro Frontenac.
Donc, je n’avais pas
fait de « toutnus » depuis très longtemps, et je dois avouer que je
me suis trouvé pas trop mauvais, même que je m’étais amélioré, après tout, je
n’ai jamais arrêté de dessiner et l’atelier de portrait m’a beaucoup aidé,
aussi, pour les têtes, je trouve.
DES VINGT MINUTES ENCORE, LE MODÈLE, À GAUCHE, AVAIT LE CORPS MOITIÉ DANS L'OMBRE ET MOITIÉ DANS LA LUMIÈRE |
J’ai été à l’atelier de
l’UQAM, du côté des Beaux Arts. Beaucoup de monde, et ça m’a surpris, quand on
n’est plus dans un certain milieu, on n’est pas au courant de ce qu’il s’y
passe. Il y avait là des gens de tous âges, des étudiants et même quelques personnes plus âgés que moi. La responsable des lieux fait jouer des petites musiques
planantes et insignifiantes, ce n’est pas désagréable.
Je voulais y retourner,
mais ne l’ai pas fait. C’est le dimanche après-midi de 11h à 2h, une drôle d’heure
pour moi. Peut-être qu’ils s’imaginent que tout le monde se lève tard et brunche
avant d’y aller, moi, je m’étais apporté un lunch, mais ça ne me tente pas trop
le dimanche matin de me faire un lunch. Finalement, je n’y ai été qu’une seule
fois. Je me suis concentré sur ma couverture de livre.
Voici l’adresse d’un
site qui fait la liste des ateliers de modèle :
À SUIVRE-LA VERSION
FINALE DE MA COUVERTURE (POUR VRAI CETTE FOIS)
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