jeudi 26 mars 2015

VOYAGE EN BRETAGNE-2 (SUITE ET FIN)


On arrive au Mont Saint-Michel, non pas « LE » Mont Saint-Michel celui qu’on a vu avec les enfants. Ce Mont Saint Michel, dit de Brasparts, est situé dans le Finistère et c’est à peine une butte.

On stationne en bas, même si on peut y monter en voiture. Après cinq minutes de marche on arrive au sommet où se trouve une petite chapelle. Mais, juste avant d’y arriver on aperçoit un étrange individu, du style campagnard breton. Il a une casquette de tweed enfoncé sur la tête, un veston et un pantalon d’une couleur qui se confond avec le paysage.


Il marche rapidement vers le bas de la colline en tournant sans cesse la tête dans notre direction. C’est louche nous disons-nous, très louche! Mais innocents, on continue notre montée. Puis, deux hélicoptères de l’armée passent et rasent le clocher de l’église en vrombissant comme s’ils étaient à la recherche d’un quelconque criminel. C’est étrange, très étrange! Toujours aussi niais, on reste.


Puis, le calme revient, on visite et on fait un petit dessin de l’endroit. Le soleil se montre un bout de rayon dans la grisaille, c’est agréable. On redescend vers notre voiture pour s’apercevoir qu’une vitre a été fracassée, (Je suis sûr que vous vous y attendiez). Le cœur battant on regarde à l’intérieur pour voir ce qu’il y manque pour s’apercevoir avec horreur qu’on a  volé…notre lunch. Je dois avouer qu’il était dans un sac à dos et que notre escroc ne pouvait savoir qu’il ne contenait que des denrées et je sais pertinemment qu’il ne faut pas laisser quelque chose à la vue dans une voiture, mais on n’était pas à Paris et on s’éloignait pour quinze minutes; en tous cas!


Comme nous mangions toujours santé, on s’est dit ça y est notre voleur va vivre plus longtemps grâce à nous et on se maudissait de ne pas avoir bourré notre sac de salami et autres spécialités françaises graisseuses.

Que vont faire nos deux victimes pour s’en sortir? Suspense!

Flashback ici : il y a quelques jours nous étions dans un village quelconque, nous avions un cellulaire prêté par une amie française de ma douce, mais pas de carte SIM pour pouvoir s’en servir. On trouve un bar tabac; ils en vendent. Je m’informe des prix, je veux en acheter une. On en discute. Elle n’est pas d’accord, elle préférerait attendre (Qu’on soit poigné et en détresse au milieu de nulle part. On sait bien que quand on en a besoin, il y a toujours un bar tabac qui apparaît soudainement pour vous dépanner, c’est magique).



Je décide, unilatéralement, d’en acheter une, comme je l’ai dit précédemment, je suis directif, autocratique etc. Je me retourne, demande à la demoiselle, elle m’en sort une, je me retourne à nouveau pour demander de l’argent à quelqu’un. Ici, je dois préciser, que ce n’est pas que ce soit elle qui paye tout, mais elle aime bien avoir le contrôle sur l’argent, comme sur le reste, alors je la lui confie toujours.

À ma surprise, je vois ma copine disparaître avec ce que j’appelle son aura brune, celle de la colère et de la frustration. Donc, j’achète la dite carte, mais je paye avec ma carte de crédit. Et là, j’ai fait ce que je ferai si souvent au cours de notre vie à deux : je me mets à la chercher et finis par la retrouver (ça peut être long), toute souriante, parce qu’elle sait qu’elle a eu sa petite vengeance. Je dois ajouter qu’à chaque fois je suis anxieux, car je pense toujours que cette fois, c’est la bonne et que je ne la reverrai plus jamais.


Retour sur les lieux du crime, elle sort SON cell qu’elle a armé de MA carte SIM. On trouve le numéro de Renault dans les papiers de la voiture. Ils nous envoient vers le concessionnaire de la ville la plus proche. La suite est une histoire sans histoire : service courtois, efficace, sauf qu’on s’est retrouvé avec une Cango. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est la voiture de livraison française typique, qu’on voit partout, une sorte de mini van. Elle a une suspension de granit, mais plein d’espace de rangement à l’arrière et, gros avantage, contrairement au véhicule précédent, elle n’est pas identifié « touriste » sur la plaque d’immatriculation pour que tous les bandits sachent qu’ils n’ont qu’à se servir.


Je ne me souviens pas si quelqu’un m’a remercié pour la carte, mais j’en doute : pas son genre.

On a fini par arriver au fameux Cap de la Chèvre et pour résumer la chose, c’était exactement comme ce qu’on avait déjà vu, des tonnes de petites fleurs multicolores, des falaises abruptes, mais plus d’étranges formations rocheuses. C’est là que j’ai eu la brillante idée de dire à ma conjointe que c’était un peu sans intérêt et qu’elle a voulu, avec raison, m’arracher la tête. Mais, je ne pouvais pas savoir. C’est aussi là que j’ai compris que je préférais les montagnes : paysages plus diversifiés et défi un peu plus grand. Marcher le long de la côte, c’est plaisant mais pas trop essoufflant.



Et puis, moi, pour apprécier un voyage, il faut que je dessine : que je m’arrête pour regarder, respirer, humer. Nous l’avons bien fait un peu mais pas autant que le maniaque que je suis aime le faire. Par exemple, j’étais seul à Barcelone il y a quelques années et en sortant de l’hôtel, je n’ai parcouru qu’un kilomètre dans ma journée. Je m’arrêtais pour dessiner à tous les 100 mètres, trop de choses intéressantes. Trouver une blonde qui veuille faire ça : pas évident! Celle-là a été assez gentille pour dessiner quelques fois avec moi, comme vous pouvez le voir, et 
je trouve que pour une néophyte, elle avait un certain talent.


Alors, je termine avec la magnifique ville de Vitré au retour, jolie ville médiévale où nous mangerons quelque repas mémorables. On découvrait le foie gras de canard, il faut se rappeler 
que c’était il y a 23 ans, c’était plutôt rare au Québec à cette époque.



Encore une fois j’ai eu le malheur de dire qu’on aurait dû faire plus de petites villes moyenâgeuses  dans ce voyage, que c’était tellement beau. Je ne sais pas pourquoi je suis encore vivant pour en parler, car m’a-t-elle dit, c’est ça qu’elle aurait voulu faire, elle! J’imagine que je l’avais écouté, mais pas entendu.

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