Ces images, et la quelque centaine
d'autres que vous verrez subséquemment au cours des prochaines semaines,
proviennent toujours de mon séjour d' un mois et demi à Brooklyn et à Manhattan
en 1988. Le maniaque que je suis s’est toujours amusé à calculer combien de
dessins je faisais par jour. Ma moyenne a toujours été de sept cartes et
j’essayais de m’y tenir. Ça me frustrait beaucoup quand je n’y arrivais pas,
soit parce que j’étais en déplacement, soit qu’il n’y avait rien d’intéressant
à dessiner. Si je n’en réalisais que cinq dans ma journée, j’en faisais plus le
lendemain pour rétablir l’équilibre. C’est quoi ma maladie, docteur?
Je vous mets presque toutes mes cartes,
les pires et les meilleures, car pour moi, à la fin, ce qui compte, c'est de
rendre l'expérience globale de quelqu'un qui erre dans les rues et essaie
d'exprimer, de montrer ce qui fait de New York une ville différente et
unique.
Côté technique, j'étais, comme je suis
toujours, en exploration autant pour le style que le médium. J'essaie encore de trouver LA technique
qui fera que je ne raterai plus aucun dessin. Ici, il y a
du feutre indélébile et du feutre que je qualifierais de « débile »,
en cela qu’il se décolore légèrement si on l’humidifie, comme dans la scène du
couple ci-dessous. Le problème est que si l’image est exposée à la lumière,
elle se décolorera. Pas très bon, si un jour on veut monter une rétrospective
de mes œuvres à Beaubourg ou au Met!
Aussi, il y a de l’aquarelle et quand vous
voyez des aplats de couleur, alors, c’est de la gouache, un médium plus opaque.
Je dessine, en général, avec un porte-mine. Pas le temps de prendre le temps
d’aiguiser un crayon, surtout, quand c’est pour dessiner une personne qui ne
sera plus là quelques secondes plus tard. Ça fait une ligne moins expressive,
mais, il faut choisir.
Je ne termine pas toujours mes cartes sur
les lieux; ça va du simple crayonné au rendu presque final. Je n’ai pas ce côté
orthodoxe de certains dessinateurs de voyage qui disent qu’il faut commencer et
terminer un dessin sur les lieux. Personnellement, je m’ennuie vite et j’aime
bien me garder du boulot pour m’occuper à mon retour à la maison. C’est comme
si je repartais en voyage, encore et toujours.
Aussi, j’avoue que j’ai retouché certains
dessins de cette série tout récemment, pour le meilleur et parfois le pire.
Bousiller un dessin trente ans après qu’il eût été créé, c’est un peu
frustrant, mais, c’est ça la vie d’artiste.
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