DES NOUVELLES DE MON CERVEAU
Je commence ce petit texte par ce commentaire acrimonieux: mesdames et messieurs, j’en ai assez que vous essayiez de me voler la vedette. On dirait que tout le monde est ou bien malade, ou bien estropié, ou bien mourant, ou pire : mort. Même David Bowie a décidé de me précéder, même l’autre aussi, le type des Baronets qui chantait sur le premier disque que j’ai acheté et aussi le grand Jacques qui m’a donné les plus belles années de ma carrière à Croc. J’ai l’air presque normal, moi, avec ma petite tumeur. Un peu de retenue s’il vous plaît! Je vous aime vivant et en santé.
J’imagine,
quand même, que certains d’entre vous se demandent comment je vais ou peut-être
que vous vous en fichez, ou bien, c’est que depuis que je m’affiche avec cette belle
grande blonde, vous croyez que je vois la vie en rose. Eh bien oui, c’est vrai
que ma vie s’est complètement retournée : me voilà du côté givré et je
profite de mon bonheur. Gagner à la loterie de l’amour, j’y croyais aussi peu
que de voir le Bloc prendre le pouvoir à Ottawa.
Ceci dit, j’ai
remarqué que j’avais beaucoup moins de « like » sur mon profil depuis
que je montrais mes petits dessins plutôt que de parler de ma vie et, surtout,
de ma mort. Mais, ça me va, quand je reparlerai de ma maladie au négatif, j’espère que beaucoup d’eau aura coulé sous
le pont que je traverserai, ce jour-là, pour aller rejoindre David et les
autres.
Pour
l’instant, tout se passe bien, mais, je dois ajouter, je pense, je n’ai
malheureusement pas de contrôle sur ce qui se passe sous ma boite crânienne. Je
viens de passer une résonance magnétique et j’aurai le résultat quand je verrai
mon médecin, un jour, si je réussis à avoir la fichue ligne pour un rendez-vous.
J’essaie en ce moment : je compose, je pèse sur le 2 puis une voix d’homme
me dit, par deux fois l’horaire de la clinique, puis il me passe une dame qui
me redit la même chose puis elle me ferme la ligne au nez et une autre dame me
dit que je ne peux laisser de message ou bien, pire, ça sonne sans arrêt, mais
personne ne répond.
(Je poursuis
l’écriture de ce texte quelques semaines plus tard, et j’ai fini par comprendre
qu’il fallait que je laisse sonner jusqu’à ce que quelqu’un réponde. Pas de
petit message du genre » « Gardez la ligne, votre appel est important
pour nous ». Si au moins ils en mettaient un, de message, qui dirait
quelque chose comme : « On se fout totalement de votre appel,
avec les coupures , on est totalement débordés, mais si vous y tenez, attendez,
mais profitez-en pour vous faire un gros café et partir une petite brassée de
lavage et pourquoi pas un peu de vaisselle aussi et si vous êtes encore vivant
quand on vous répondra, nous prendrons deux minutes pour vous donner un rendez-vous
dans trois mois ou pire, pour vous dire que le doc n’a pas reçu son horaire
encore, alors rappelez dans…».)
Revenons aux
choses sérieuses, c’est mon ophtalmo oncologue qui m’a tenu occupé en 2014.
Pour connaître le début de mon aventure, il faut relire cette partie de mon
blogue : http://normandtumeurs.blogspot.ca/2015/03/petit-rendez-vous-deviendra-grand.html
Bon,
maintenant que vous l’avez relue, je peux vous dire que j’ai attendu beaucoup
moins longtemps les fois suivantes, mais, un peu pour rien, puisqu’ils ne
s’étaient pas occupés de récupérer mes examens ophtalmologiques de 2012. Alors,
j’ai dû aller les chercher moi -même à Maisonneuve-Rosemont. Petit pèlerinage à
mon ancien hôpital où j’avais subi tous ces « maltraitements » qui
m’ont donné un sursis de vie. Je me sentais un peu chez moi mais, je n’ai quand
même pas versé de larmes. J’étais bien content de ne plus faire partie de la
trop grande famille des jaquettes bleu poudre…pour l’instant.
Un petit mot
sur mes examens de l’époque, histoire de vous rafraîchir la mémoire. C’était un
appareil pré-électronique, un globe géant en plastique et la dame écrivait mes
résultats au prismacolor sur une feuille: imaginez! Ça fait très préhistorique,
je trouve. Le dossier étant en papier, c’est pour ça que j’ai dû me déplacer.
Ils m’ont remis tous mes examens, mais une seule feuille concernait mes
yeux : un petit graphique qui montrait ce que j’avais perdu dans mon champ
de vision et qui aurait pu facilement être scanné ou faxé, si ça existe encore.
Imaginez, tout le temps que j’ai perdu, moi, qui suis si occupé et en plus, ça
m’a coûté deux billets de métro. L’enfer!
Au deuxième
rendez-vous avec l’ophtalmo, je leur ai remis mon dossier. Il semblait y avoir
quelque chose qui lui faisait croire que le champ de vision, qu’il me restait,
ne me permettait pas vraiment de conduire. Et moi, ce que j’avais compris, je
ne sais pourquoi, c’est que j’allais passer une sorte de test de conduite. Je
pensais que ce serait sur un simulateur de conduite, comme quand on passe son
permis de conduire. Que nenni, ce fut encore le même test, mais peut-être un
peu plus précis, on dirait.
Toujours
est-il que la conclusion fut que ma vue ne s’était pas détériorée depuis 2012
et que je pouvais continuer à utiliser mon véhicule. J’aurais bien aimé
épargner ce fardeau à ma planète, mais, ce n’est que partie remise.
Je vous
mets, en boni, quelques dessins faits lors de mes pérégrinations hospitalières et
je vous reviendrai quand j’aurai le résultat de ma résonance.
Je suis contente que tu ais un bon boutte, je suis dans le même cas. J'ai eut une angioplastie à la jugulaire droite et je me sens vraiment plus vivante. Mon cerveau est a nouveau irrigué, il ne l'était qu'à 30%. Le plus chouette c'est que je rejoue au hockey avec mon chum. Je suis capable de patiner, diriger la puck et prévoir sa trajectoire et celle de mon chum pour faire des passes convenables. J'ai réappris à faire des snap shut. Je te dis tout ça parce que je sais que tu peux comprendre la fragilité de la vie et de ce qui la constitue.
RépondreSupprimerMerci de ton témoignage touchant, j'imagine la différence que ça a du faire dans ta vie. On ne lâche pas.
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