samedi 30 janvier 2016

NEW YORK 1988 (SUITE 4)


Ces images, et la quelque centaine d'autres que vous verrez subséquemment au cours des prochaines semaines, proviennent toujours de mon séjour d' un mois et demi à Brooklyn et à Manhattan en 1988. Le maniaque que je suis s’est toujours amusé à calculer combien de dessins je faisais par jour. Ma moyenne a toujours été de sept cartes et j’essayais de m’y tenir. Ça me frustrait beaucoup quand je n’y arrivais pas, soit parce que j’étais en déplacement, soit qu’il n’y avait rien d’intéressant à dessiner. Si je n’en réalisais que cinq dans ma journée, j’en faisais plus le lendemain pour rétablir l’équilibre. C’est quoi ma maladie, docteur?

Je vous mets presque toutes mes cartes, les pires et les meilleures, car pour moi, à la fin, ce qui compte, c'est de rendre l'expérience globale de quelqu'un qui erre dans les rues et essaie d'exprimer, de montrer ce qui fait de New York une ville différente et unique. 


Côté technique, j'étais, comme je suis toujours, en exploration autant pour le style que le médium. J'essaie encore de trouver LA technique qui fera que je ne raterai plus aucun dessin. Ici, il y a du feutre indélébile et du feutre que je qualifierais de « débile », en cela qu’il se décolore légèrement si on l’humidifie, comme dans la scène du couple ci-dessous. Le problème est que si l’image est exposée à la lumière, elle se décolorera. Pas très bon, si un jour on veut monter une rétrospective de mes œuvres à Beaubourg ou au Met!


Aussi, il y a de l’aquarelle et quand vous voyez des aplats de couleur, alors, c’est de la gouache, un médium plus opaque. Je dessine, en général, avec un porte-mine. Pas le temps de prendre le temps d’aiguiser un crayon, surtout, quand c’est pour dessiner une personne qui ne sera plus là quelques secondes plus tard. Ça fait une ligne moins expressive, mais, il faut choisir.


Je ne termine pas toujours mes cartes sur les lieux; ça va du simple crayonné au rendu presque final. Je n’ai pas ce côté orthodoxe de certains dessinateurs de voyage qui disent qu’il faut commencer et terminer un dessin sur les lieux. Personnellement, je m’ennuie vite et j’aime bien me garder du boulot pour m’occuper à mon retour à la maison. C’est comme si je repartais en voyage, encore et toujours.

Aussi, j’avoue que j’ai retouché certains dessins de cette série tout récemment, pour le meilleur et parfois le pire. Bousiller un dessin trente ans après qu’il eût été créé, c’est un peu frustrant, mais, c’est ça la vie d’artiste.





mardi 26 janvier 2016

MA TUMEUR 2016

DES NOUVELLES DE MON CERVEAU



Je commence ce petit texte par ce commentaire acrimonieux: mesdames et messieurs, j’en ai assez que vous essayiez de me voler la vedette. On dirait que tout le monde est ou bien malade, ou bien estropié, ou bien mourant, ou pire : mort. Même David Bowie a décidé de me précéder, même l’autre aussi, le type des Baronets qui chantait sur le premier disque que j’ai acheté et aussi le grand Jacques qui m’a donné les plus belles années de ma carrière à Croc. J’ai l’air presque normal, moi, avec ma petite tumeur. Un peu de retenue s’il vous plaît! Je vous aime vivant et en santé.

 


J’imagine, quand même, que certains d’entre vous se demandent comment je vais ou peut-être que vous vous en fichez, ou bien, c’est que depuis que je m’affiche avec cette belle grande blonde, vous croyez que je vois la vie en rose. Eh bien oui, c’est vrai que ma vie s’est complètement retournée : me voilà du côté givré et je profite de mon bonheur. Gagner à la loterie de l’amour, j’y croyais aussi peu que de voir le Bloc prendre le pouvoir à Ottawa.

Ceci dit, j’ai remarqué que j’avais beaucoup moins de « like » sur mon profil depuis que je montrais mes petits dessins plutôt que de parler de ma vie et, surtout, de ma mort. Mais, ça me va, quand je reparlerai de ma maladie au négatif,  j’espère que beaucoup d’eau aura coulé sous le pont que je traverserai, ce jour-là, pour aller rejoindre David et les autres.


Pour l’instant, tout se passe bien, mais, je dois ajouter, je pense, je n’ai malheureusement pas de contrôle sur ce qui se passe sous ma boite crânienne. Je viens de passer une résonance magnétique et j’aurai le résultat quand je verrai mon médecin, un jour, si je réussis à avoir la fichue ligne pour un rendez-vous. J’essaie en ce moment : je compose, je pèse sur le 2 puis une voix d’homme me dit, par deux fois l’horaire de la clinique, puis il me passe une dame qui me redit la même chose puis elle me ferme la ligne au nez et une autre dame me dit que je ne peux laisser de message ou bien, pire, ça sonne sans arrêt, mais personne ne répond.

(Je poursuis l’écriture de ce texte quelques semaines plus tard, et j’ai fini par comprendre qu’il fallait que je laisse sonner jusqu’à ce que quelqu’un réponde. Pas de petit message du genre » « Gardez la ligne, votre appel est important pour nous ». Si au moins ils en mettaient un, de message, qui dirait quelque chose comme : « On se fout totalement de votre appel, avec les coupures , on est totalement débordés, mais si vous y tenez, attendez, mais profitez-en pour vous faire un gros café et partir une petite brassée de lavage et pourquoi pas un peu de vaisselle aussi et si vous êtes encore vivant quand on vous répondra, nous prendrons deux minutes pour vous donner un rendez-vous dans trois mois ou pire, pour vous dire que le doc n’a pas reçu son horaire encore, alors rappelez dans…».)


Revenons aux choses sérieuses, c’est mon ophtalmo oncologue qui m’a tenu occupé en 2014. Pour connaître le début de mon aventure, il faut relire cette partie de mon blogue : http://normandtumeurs.blogspot.ca/2015/03/petit-rendez-vous-deviendra-grand.html

Bon, maintenant que vous l’avez relue, je peux vous dire que j’ai attendu beaucoup moins longtemps les fois suivantes, mais, un peu pour rien, puisqu’ils ne s’étaient pas occupés de récupérer mes examens ophtalmologiques de 2012. Alors, j’ai dû aller les chercher moi -même à Maisonneuve-Rosemont. Petit pèlerinage à mon ancien hôpital où j’avais subi tous ces « maltraitements » qui m’ont donné un sursis de vie. Je me sentais un peu chez moi mais, je n’ai quand même pas versé de larmes. J’étais bien content de ne plus faire partie de la trop grande famille des jaquettes bleu poudre…pour l’instant.



Un petit mot sur mes examens de l’époque, histoire de vous rafraîchir la mémoire. C’était un appareil pré-électronique, un globe géant en plastique et la dame écrivait mes résultats au prismacolor sur une feuille: imaginez! Ça fait très préhistorique, je trouve. Le dossier étant en papier, c’est pour ça que j’ai dû me déplacer. Ils m’ont remis tous mes examens, mais une seule feuille concernait mes yeux : un petit graphique qui montrait ce que j’avais perdu dans mon champ de vision et qui aurait pu facilement être scanné ou faxé, si ça existe encore. Imaginez, tout le temps que j’ai perdu, moi, qui suis si occupé et en plus, ça m’a coûté deux billets de métro. L’enfer!

Au deuxième rendez-vous avec l’ophtalmo, je leur ai remis mon dossier. Il semblait y avoir quelque chose qui lui faisait croire que le champ de vision, qu’il me restait, ne me permettait pas vraiment de conduire. Et moi, ce que j’avais compris, je ne sais pourquoi, c’est que j’allais passer une sorte de test de conduite. Je pensais que ce serait sur un simulateur de conduite, comme quand on passe son permis de conduire. Que nenni, ce fut encore le même test, mais peut-être un peu plus précis, on dirait.

Toujours est-il que la conclusion fut que ma vue ne s’était pas détériorée depuis 2012 et que je pouvais continuer à utiliser mon véhicule. J’aurais bien aimé épargner ce fardeau à ma planète, mais, ce n’est que partie remise.

Je vous mets, en boni, quelques dessins faits lors de mes pérégrinations hospitalières et je vous reviendrai quand j’aurai le résultat de ma résonance.


 

mardi 19 janvier 2016

NEW YORK 1988 (SUITE 3)

RETOUR À NEW YORK
LE TRAVERSIER ENTRE MANHATTAN ET LONG ISLAND EN PLUS PETIT, POUR VOUS DONNER UNE IDÉE DE LA CHOSE

Retour à New York. J’y ai suivi un cours de dessin modèle vivant pendant six semaines avec John Ruggieri. Je trouvais que je dessinais mieux que lui. Aujourd’hui, je dirais, plus humblement, que nous étions différents. C'était un homme sérieux, je ne l'ai jamais vu sourire et une des rares choses que j'aie vue de lui était un reportage très touchant sur des victimes du sida. 

Aussi, on a eu droit a une sortie en sa compagnie: nous avions comme tâche d’illustrer le va-et-vient du ferry et de ses passagers entre Manhattan et Long Island, un projet en plein dans mes cordes que j’ai adoré. J’ai dessiné une longue fresque pour essayer d’illustrer l’arrivée du passager, son séjour sur le bateau et son arrivée de l’autre côté. Fait étrange, le prof se foutait totalement de nous, il nous parlait à peine, ça semblait être des vacances pour lui. Le seul commentaire dont je me souvienne, c’est quand il m’a dit de ne plus mettre d’accents  noirs sur mes dessins, que ma ligne était assez intéressante en elle-même, et il avait raison. Merci John!

Si vous passez par New York, ne manquez pas de prendre ce traversier qui vous donne une vue imprenable sur Manhattan et même la statue elle-même. Ça prend à peine une heure, aller-retour, c'est gratuit et vous vous sentirez comme un "native".





ON VOIT MON PROF, AVEC LE CHANDAIL RAYÉ, QUI ADMIRE LE PAYSAGE ET LA STATUE DE LA LIBERTÉ DANS LE COIN DROIT

vendredi 15 janvier 2016

NEW YORK 1988 (SUITE 2)

Vie d’un commis voyageur


BOSTON

Maintenant que je vous ai montré mes dessins de Boston, me reviennent en mémoire certains détails, dont ce passage dans un quartier délabré de la ville où se trouvaient les peep show et trucs du genre. Je me souviens que c’était irréel. J’avais visité les beaux côtés de la ville pendant le jour, mais voilà que je me retrouvais, par hasard (?) dans le « redlight ». C’étai à la brunante, près du port et le vent balayait les journaux et les déchets. C’était absolument déprimant et, je vous jure, que je ne suis pas resté longtemps.

Autre souvenir, celui d’être dans ma chambre d’hôtel à essayer d’appeler à répétition mon amie Marie Lessard à New York, mais ça ne répondait jamais. Le lendemain en réglant, on m’a ajouté un montant d’une soixantaine de dollars pour mes appels.  Dans les hôtels, c’est toujours comme ça, aussitôt qu’on touche à quelque chose, surtout dans le bar, on paie une fortune. Tout ça pour me rendre compte plus tard que Manhattan avait été dans une sorte de black out téléphonique pendant des heures, donc, j’avais essayé bien en vain.

Bon, je sais que ces histoires sont plutôt ordinaires. Le gars va dans le quartier chaud d’une ville, mais il rentre sagement à l’hôtel, puis, seul dans sa chambre, il y reste plutôt que d’aller faire la fête dans cette ville « folle » qu’est Boston. Je suis personnellement plutôt siesta que fiesta. J’ai toujours été assez sage (sauf dans ma tête) et ces textes sont là surtout pour mettre un peu de chair autour de mes images.




KNOXVILLE (TENNESSEE)

L'AVION QUI A DÉRAPÉ


WASHINGTON (D.C.)

Mon souvenir de Washington, la capitale, c’est d’abord la chaleur, c’était l’été, et s’il faisait très chaud à New York, ici c’était torride. Mais, le pire, c’était la distance entre les monuments bétonnés. J’avais l’impression  d’y voir ce qu’on reproche tant à l’architecture socialiste, tout ces trop gros monuments pour montrer la grandeur du pays.

Je me souviens que marcher d’un monument à l’autre était une épreuve. J’aurais peut être dû y rester un peu plus longtemps et visiter le Smithsonian qui doit bien prendre quelques jours à voir, mais j’étais en voyage d’affaire et mes revenus n’étaient pas élastiques, quand même.


WASHINGTON MONUMENT. J'IMAGINE QUE SI J'EN AI FAIT DEUX C'EST QUE LE PREMIER NE ME PLAISAIT PAS, ET POURTANT ILS SONT PRESQUE IDENTIQUES, ÉTRANGE!
LE SMITHSONIAN QUE JE N'AI PAS VISITÉ, PAS LE TEMPS, JE NE FAISAIS QUE PASSER.
LE CAPITOL
PROTESTATION À LA MAISON BLANCHE
UN RESTAURANT ÉTHIOPIEN

DES CLIENTS DU RESTO

jeudi 14 janvier 2016

MA PÉRIODE IMPRESSIONISTE

MONIQUE AU BAIN
Si vous connaissez un musée intéressé par une rétrospective de ma période impressionniste, ne vous gênez pas. On sait que cette période artistique est très lucrative pour nos institutions muséales et comme il n'y a qu'une toile, ce serait facile à monter. Je fournis même le clou.

vendredi 8 janvier 2016

NEW YORK 1988 (SUITE 1)

Vie d’un commis voyageur

Je continue le récit de mon périple aux USA en 1988. Donc, je suis à New York, j’habite Brooklyn, mais, ce qui est agréable, une fois qu’on est aux États, c’est qu’on n’a plus de douanes à passer et encore moins de méchants douaniers qui pensent que vous voulez (avec raison) voler les jobs des pauvres américains. Alors, une fois là, j’en ai profité pour aller à Boston, Washington et Knoxville au Tennessee.

Ma spécialité étant l’illustration éditoriale, je rendais visite à tous les journaux et revues que je connaissais. À cette époque, il était encore possible de rencontrer des directeurs artistiques en chair et en os et j’ai été reçu par quelques sommités du monde du design, même, Steven Heller du New York Times, qui m’a donné un bon coup de pouce, en m’obtenant un article dans la revue Print sur mes cartes postales.

À Boston, j’ai visité le Boston Globe et the Atlantic Monthly,  à Washington, le Post du même nom, etc. Mais, pourquoi diable, Knoxville au Tennessee? C’est qu’il y avait là une immense compagnie de publication de revues à l’américaine. Ils pouvaient produire un magazine, toujours magnifique, souvent grand format, dont toute la publicité était achetée, par exemple, par la compagnie General Food. Ce n’étaient finalement que des supports à pub, mais, maudit que c’était agréable d’être bien payé pour faire de jolis dessins.

 À l’époque, et malheureusement ça n’a guère changé, une illustration d’un quart de page donnait environ 400$ à Montréal, 600$ à Toronto et 800$ aux USA et en US, ce qui pouvait vouloir dire 20% de plus au final en canadien, pour un petit dessin : le bonheur! « I laughed all the way to the bank ».

Je n’ai même pas passé une journée complète à Knoxville, c’est pire qu'aller à Matane, rien à voir, même pas de fleuve. Par contre, petit avion et je me souviens qu’en atterrissant, il a dérapé et qu’on s’est retrouvés dans le gazon avec les pompiers et tout.

Ce furent des rencontres courtes mais agréables et qui m’ont amené plusieurs contrats, dont deux fort beaux, grâce à mes cartes postales, dont je vous parlerai peut- être un jour.

En passant, des ami(e)s illustrateurs(trices) de New York ou de Toronto qui étaient très généreux , me donnaient ces noms et adresses de clients. C’était un petit milieu à cette époque. Et contrairement à ce que j’ai connu plus tard, j’avais au moins une commande d’illustration par trois ou quatre visites et je me faisait un nom en même temps.

BOSTON


NEWBURY ET CLARENDON
GEORGE LUI-MÊME
OLD NORTH CHURCH
ARLINGTON ST.
BACK BAY BISTRO
AU PIED DE COCHON
BOSTON PUBLIC GARDEN
À SUIVRE (WASHIGTON ET KNOXVILLE AU TENNESSEE)