UNE CARTE POSTALE DE MONTRÉAL
J’ai décidé (d’essayer) de vous abreuver régulièrement d’anecdotes
illustrées de mon intense vie passée: voici le premier texte. Désolé pour les
deux ou trois personnes qui ont lu et vu mon site web il y a 20 ans, c’était
là, mais j’ai quand même remanié les textes, un peu.
Sur l'image ci-dessous nous sommes en 2006, on peut y voir la crinière
de Kent Nagano qui commençait sa prestation aux commandes de l'Orchestre
Symphonique de Montréal (OSM). Pour saluer l'arrivée du maestro, on voulait
faire un évènement grandiose autour de la 9e de Beethoven.
Il y avait les vrais choristes et il y avait les faux choristes, dont je
faisais partie. Pendant les pratiques, nous, les pseudos, nous étions assis
dans la salle et les pros sur la scène de la PDA. Monsieur N, bien aimable
quand même, ne s'est retourné qu'une fois pour nous saluer, il était occupé
avec les vrais chanteurs et son orchestre sur la scène. Quand je dis les faux
choristes c'est simplement que nous servions un peu de potiches. Nous avons eu
trois jours de pratiques pour trois minutes de musique.
Pendant que l’orchestre s’exécutait à l’intérieur, nous étions à l'extérieur sur l'esplanade de la Place des Arts et nous n'avons chanté qu'environ le quart de la partie chorale qui n'est déjà pas si longue. Le tout devant des hauts parleurs géants qui nous crachaient la musique tellement fort dans les oreilles qu’on ne s'entendait même pas hurler nous-mêmes.
Nous étions dirigés par deux chefs de choeur, un pour les dames, un pour les messieurs, qui essayaient, tant bien que mal, de suivre les mouvements de Monsieur N qu'on voyait sur de grosses télés placées derrière eux, mais devant nous. Télés que je ne pouvais même pas apercevoir, parce que j’avais la vue obstruée par d'autres choristes et qu’on m’avait bien dit de ne pas bouger d'un poil parce que, sinon, j'aurais obstrué la vue des caméras qui cherchaient à filmer les danseurs qui faisaient le grand écart derrière moi.
La danseuse était Geneviève Guérard, cette jeune dame qui était populaire à l’époque. Pendant les pratiques je me suis tordu le cou à admirer ses magnifiques jambes musclées.
Finalement, tout ça pour trois minutes de coït Beethovenien, mais je recommencerais n'importe quand. Quel chef d'oeuvre et le chanter vous donne une bien meilleure idée de la complexité de la chose. C'est un mélange hallucinant de saveurs, de textures et de couleurs toujours semblables, mais toujours différentes. On est bien loin de Madonna et de ses manipulations "studioïques". Quand j'entends dire que Mozart ferait du rock & roll s'il vivait aujourd'hui, ça me fait hurler. Il trouverait ça tellement primaire.
La musique c'est beaucoup plus qu'un beat et de l'échantillonnage. Quand on pense, en plus, que Ludwig était sourd quand il a composé la 9e. D'ailleurs, j'ai une primeur pour vous, si Beethoven était sourd à la fin de sa vie, j'en ai déduit que Picasso était sûrement devenu aveugle et qu'on ne s'en est jamais rendu compte, sinon comment expliquer qu'il ait dessiné aussi mal.
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