jeudi 22 janvier 2015

LA COQUETTE À ROSE


J’aime les chiens mais pas ma sœur, non, ce que je veux dire c’est que j’aime ma sœur, en tous cas aujourd’hui, mais à cette époque lointaine ou nous avions la cuisse bien dodue, déjà, elle n’aimait pas les chiens et moi le contraire. Voici la preuve!

Vous demanderez à ma mère, à cette époque, comme aujourd’hui je n’avais pas le sourire facile et me voilà tout ébaubi devant ce représentant de la gent canine, qui se prénommait Coquette alors que ma sœur se cache la face pour ne pas le voir. Pour la petite histoire, c’était chez ma grand-mère Rose et le pitou était à elle.

P.S. Comme on dit toujours: J'ÉTAIS tu cute



mardi 20 janvier 2015

PHILHARMONIE DE PARIS

Grand concert sur Arte animé par un beau jeune homme au nom incroyable de Édouard Furé Caul-Futy pour l'ouverture de la Philarmonie de Paris créée par l'architecte Jean Nouvel. Le revêtement extérieur à un petit look Escher, avec des formes d'oiseaux qui se répètent et s'imbriquent les uns dans les autres. Ça semble très beau, mais Mr Nouvel a refusé d'être présent car on ne veut pas terminer l'immeuble selon ses précisions, alors que le coût depuis le départ à plus que triplé. Si je vous parle de tout ça, c'est que j'y vois un étrange parallèle avec un certain Stade Olympique.

Revenons à la musique, l'orchestre de Paris sous la direction de Paavo Yärvi interprète beaucoup de pièces modernes, toujours françaises, mais le clou du spectacle c'est bien sûr la magnifique et talentueuse Hélène Grimaud qui nous interprète le concerto pour piano de Ravel. Plein de gros plan sur son doux visage et ses mains qui virevoltent sur le clavier.

La finale aussi avec Daphnis et Chloé encore de Ravel et un choeur immense est merveilleux et les images sont à l'avenant.

Petit détail en passant, les deux pièces chorales interprétées ici (l'autre est le Requiem de Fauré), j'ai eu la chance de les chanter avec l'OM et le beau Yannick. Quand même, je m'impressionne!

http://concert.arte.tv/fr/premier-gala-douverture-de-la-philharmonie-de-paris


Ce n'est pas ce dont je parle ici, c'est la Tour Agbar, aussi de Jean Nouvel, à Barcellone et que j'avais affectueusement baptisé "le suppositoire Géant"

vendredi 16 janvier 2015

ICI ET MAINTENANT 6


Petit message pour ceux qui s’inquiètent de ma santé; il paraît que je vais bien. Ma résonnance magnétique disait que ma tumeur dormait toujours et, pour ceux qui ont lu le petit texte sur mon amnésie temporaire, mon médecin m’a dit que j’avais probablement eu une mini crise d’épilepsie. Comme d’habitude je n’ai pas posé plus de questions, à savoir, la cause de tout ça et s’il pensait que ça allait revenir. On pense toujours à ça après être sorti du cabinet.

Par contre, il m’a dit qu’il allait me prendre un rendez-vous avec un docteur du cerveau (je ne trouve pas le vrai mot). Alors je lui ai dit : «  Vous n’en êtes pas un, vous? ». Alors, il m’a répondu, non, je suis le concierge, mais j’ai appris à lire les résultats de scan, ce n’est pas sorcier. Mais non, blague, il m’a dit que lui était un oncologue du cerveau (le mot m’échappe toujours (c’est pour ça qu’il faut que j’aille consulter, j’imagine)).

Comme d’habitude, j’étais certain que ma tumeur s’était remise à me gruger, mais non, j’ai encore un répit de trois mois. Ça fait quand même bizarre de vivre comme ça de trois mois en trois mois, avec, à chaque fois un nouveau bail. Étrange aussi, puisque c’est ma bien aimée locataire qui décide de ses augmentations, le monde à l’envers.

Ma vie est comme un jeu vidéo, j’ai des étapes à franchir, mais je ne sais pas comment accumuler des points à part manger des graines de lin. En fait c’est un jeu qui se joue à mon insu dans les arcanes hermétiques de mon cerveau. Il n’y a que mon passage dans la grosse machine qui comme un jeu de tarot prédit mon avenir. Pour le moment je pige toujours de bonnes cartes, mais, c’est un peu dur sur le moral cette pseudo roulette russe.

Il faut dire que je ne suis pas seul, quand je parle de ma maladie à quelqu’un, ces temps-ci, une fois sur deux, je me fais parler de la maladie de cette personne, qui est  parfois pire que la mienne. Les ami(e)s de mon âge et même quelques-uns qui sont moins vieux que moi, semblent assister à l’érosion de leur corps et de leurs facultés. Et entre vieux, on le sait, ça devient le sujet de prédilection.

Sur ces notes positives, je voudrais vous souhaiter un Joyeux Noël, un Noël que je n’ai pas vu passer tellement j’étais occupé à me cacher dans mon bunker.


vendredi 9 janvier 2015

ANNUS HORRIBILIS 2014



PARC DU MONT MÉGANTIC

En voyant ces images, vous avez peut-être eu une sensation de déjà vu, pourtant elles ont été prises un mois avant celles que vous avez vues récemment. Vous allez comprendre pourquoi j’ai attendu pour en parler quand je vous dirai de quoi il en retourne. Et pour ceux et celles que ma vie intéresse, je n’ai vraiment eu qu’un seul malheur en 2014 et c’est celui que je vais vous raconter ici.


Il y a un mois environ, j’étais au Mont Mégantic, secteur Franceville avec ma petite maman. J’avais loué un chalet pour deux : joli, tout vitré, avec un petit foyer écolo : très romantique, surtout avec ma mère que j’aimerai toujours. En arrivant près du parc, il tombait une petite neige floconneuse et diaphane, du genre qui reste collée aux troncs et aux branches des arbres et qui crée un décor absolument féérique. Aussitôt installés, nous sommes ressortis pour faire un très joli sentier qui longe le ruisseau de la Montagne (parfait pour ma mère de 85 ans) et que nous avons parcouru aller-retour à quatre reprises au cours de notre séjour; elle est en forme quand même.
  
Moi, la deuxième journée, j’ai escaladé la plus grosse montagne du coin, une butte en fait, mais au Québec, pas trop loin de Montréal, c’est tout ce qu’on trouve. Onze kilomètres en boucle, avec quelques très belles vues, ça s’appelle le sentier des Cimes. Rien d’essoufflant, surtout que je m’arrêtais pour faire de petits dessins. Malheureusement le retour est plutôt monotone, c’est un long corridor de quelques kilomètres, sur une route plate entourées de grands arbres. C’est joli, mais tellement tout pareil qu’à un moment je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de chemin. Si j’avais à la refaire, je remonterais simplement la montagne dans l’autre sens.

Par contre sur la montagne, j’ai commencé une migraine optique qui est tout de même passée assez vite. J’ai toujours eu ces migraines, mais elles sont beaucoup plus fréquentes depuis un an. Environ une fois par semaine il m’apparaît une sorte de feu d’artifice dans les yeux, et je ne vois plus rien au centre de mon champ de vision. Après quelques minutes le cercle s’élargit puis finit par disparaître. Pour vous rassurer, je ne suis jamais totalement aveugle, mais peut-être à 15 ou 20%. Paraît que ça peut donner des maux de tête, mais dans mon cas, à peu près rien la plupart du temps.



De retour au chalet, j’ai préparé le souper, on a mangé et comme il n’y avait rien d’autre à faire je me suis étendu sur mon lit pour pratiquer ma musique (je chante avec le chœur de l’Orchestre Métropolitain). Il faut préciser que le chalet est vraiment petit, il n’y a pas de fauteuil. Il y a bien une sorte de « beanbag » sur lequel j’ai essayé de m’asseoir mais il glissait et était si bas que pour se relever, à mon âge, ça prend de l’aide et comme ma mère est encore plus vieille que moi, on s’est abstenu.

Bon, venons-en aux faits, après avoir répété mes partitions, j’ai commencé à lire, mais les lettres se sont mises à danser devant mes yeux : impossible de déchiffrer ce que je voyais. Je voyais les lettres, mais impossible d’en faire des mots. J’avais beau essayer, rien à faire, exactement comme avant qu’on me donne de la cortizone au début de 2013, à l’époque où on m’a annoncé que j’avais une tumeur au cerveau.


Puis, je me suis tourné vers ma mère, je lui ai dit « Thomas », le nom de mon fils, puis « Martine » le nom de mon ex et finalement « Maman ». Je sentais que ça n’allait pas. Je m’exprimais normalement, mais lorsque j’ai essayé de nommer ce qu’il y avait devant moi, mon chapeau et mon manteau, impossible ! J’avais beau essayer, rien à faire. Je ne paniquais pas, c’était un peu irréel. J’ai fini par demander à ma mère comment s’appelaient ces objets, elle me l’a dit, mais toutes les choses autour avaient perdu leur nom. Il n’était que huit heures, mais on a décidé de se coucher. Je sais que la mémoire m’est revenue éventuellement, mais je me suis endormi là-dessus.

Le pire là-dedans, c’était de voir ma mère qui devait s’imaginer prise seul avec cet handicapé du cerveau, au milieu de ce qu’on appelle toujours nulle part et qui, comme par hasard, est toujours là où on se trouve, suis-je clair? Surtout qu’elle avait essayé, sans succès, de conduire ma grosse « van » cet après-midi là. J’imagine qu’elle se voyait courir à en mourir pour aller demander de l’aide aux chalets voisins, comme dans un mauvais film, au ralenti, avec de la grosse musique dramatique.


C’est drôle, quand c’est arrivé, c’est elle qui était solide, mais, le lendemain c’est moi qui ai dû la rassurer. Je me sentais tout à fait normal, en contrôle, mais un doute subsistait quand même dans mon esprit : ça pouvait m’arriver, encore, soudainement. Par contre, je savais que ça n’affectait qu’une infime partie de mes capacités, puisque avant que je ne sois diagnostiqué je menais une vie presque normale avec mes pertes de mémoire.

Cependant, quelques jours plus tard, j’ai eu l’impression, qui s’est confirmée, d’avoir perdu une petite partie de ma vision. J’en avais déjà perdu un peu sur le côté gauche, mais là, c’est devant. Un minuscule point, comme si j’avais en permanence une lueur de flash gravé sur la rétine.


Aussi, je devais voir mon médecin à la mi-décembre, après avoir passé une autre résonnance magnétique, mais ces personnes qui sont en général fiables m’ont oublié. Alors pas de résonnance, donc pas de médecin non plus. Je le verrai sûrement en janvier, mais comme je n’ai pas eu d’autre phase amnésique, je ne m’en fais qu’à moitié.

On est revenu le lendemain de cet évènement, sans anicroche, avec un arrêt pour manger à Sherbrooke, sur la rue King ouest. Je ne sais pas s’il y a un endroit dans cette ville qui est en effervescence, mais ce n’était pas celui-là. Même si Auguste, le resto du jeune chef branché est juste là ; il y a presque un commerce sur trois de fermé.

Alors j’attends mon prochain rendez-vous avec le doc, car j’ai eu ma résonnance juste avant Noël, et je vous tiens au courant.






















dimanche 4 janvier 2015

DE MA VALISE DE DESSINS

UNE CARTE POSTALE DE MONTRÉAL

J’ai décidé (d’essayer) de vous abreuver régulièrement d’anecdotes illustrées de mon intense vie passée: voici le premier texte. Désolé pour les deux ou trois personnes qui ont lu et vu mon site web il y a 20 ans, c’était là, mais j’ai quand même remanié les textes, un peu.

Sur l'image ci-dessous nous sommes en 2006, on peut y voir la crinière de Kent Nagano qui commençait sa prestation aux commandes de l'Orchestre Symphonique de Montréal (OSM). Pour saluer l'arrivée du maestro, on voulait faire un évènement grandiose autour de la 9e de Beethoven.

Il y avait les vrais choristes et il y avait les faux choristes, dont je faisais partie. Pendant les pratiques, nous, les pseudos, nous étions assis dans la salle et les pros sur la scène de la PDA. Monsieur N, bien aimable quand même, ne s'est retourné qu'une fois pour nous saluer, il était occupé avec les vrais chanteurs et son orchestre sur la scène. Quand je dis les faux choristes c'est simplement que nous servions un peu de potiches. Nous avons eu trois jours de pratiques pour trois minutes de musique.



Pendant que l’orchestre s’exécutait à l’intérieur, nous étions à l'extérieur sur l'esplanade de la Place des Arts et nous n'avons chanté qu'environ le quart de la partie chorale qui n'est déjà pas si longue. Le tout devant des hauts parleurs géants qui nous crachaient la musique tellement fort dans les oreilles qu’on ne s'entendait même pas hurler nous-mêmes.

Nous étions dirigés par deux chefs de choeur, un pour les dames, un pour les messieurs, qui essayaient, tant bien que mal, de suivre les mouvements de Monsieur N qu'on voyait sur de grosses télés placées derrière eux, mais devant nous. Télés que je ne pouvais même pas apercevoir, parce que j’avais la vue obstruée par d'autres choristes et qu’on m’avait bien dit de ne pas bouger d'un poil parce que, sinon, j'aurais obstrué la vue des caméras qui cherchaient à filmer les danseurs qui faisaient le grand écart derrière moi.

La danseuse était Geneviève Guérard, cette jeune dame qui était populaire à l’époque. Pendant les pratiques je me suis tordu le cou à admirer ses magnifiques jambes musclées.

Finalement, tout ça pour trois minutes de coït Beethovenien, mais je recommencerais n'importe quand. Quel chef d'oeuvre et le chanter vous donne une bien meilleure idée de la complexité de la chose. C'est un mélange hallucinant de saveurs, de textures et de couleurs toujours semblables, mais toujours différentes. On est bien loin de Madonna et de ses manipulations "studioïques". Quand j'entends dire que Mozart ferait du rock & roll s'il vivait aujourd'hui, ça me fait hurler. Il trouverait ça tellement primaire.

La musique c'est beaucoup plus qu'un beat et de l'échantillonnage. Quand on pense, en plus, que Ludwig était sourd quand il a composé la 9e. D'ailleurs, j'ai une primeur  pour vous, si Beethoven était sourd à la fin de sa vie, j'en ai déduit que Picasso était sûrement devenu aveugle et qu'on ne s'en est jamais rendu compte, sinon comment expliquer qu'il ait dessiné aussi mal.