lundi 11 août 2014

ÉPÉE DE DAMOCLÈS-DEUXIÈME PARTIE

J’ai subi une autre résonnance la semaine dernière et cette fois-ci, je n’ai pas aimé ça. Pas que j’aie souffert, pas du tout. C’est que, comme je vous l’ai dit, je venais de voir mon doc, qui m’avait dit que tout allait bien, que rien n’avait bougé et voilà qu’on recommence, si vite, mais avec un appareil plus bruyant et plus puissant, paraît-il, et que je le revois cette semaine. Que vont-ils aller chercher de plus avec cet appareil, je n’en sais rien, mais ce n’est pas rassurant.

Alors, re-épée de Damoclès, re-stress, et dans le tunnel, je me disais : c’est ça ta vie maintenant, vivre ou survivre en attendant que le ciel te tombe sur la tête.

Je sais, c’est la vie de tout le monde, d’ailleurs depuis que j’en sais un peu plus sur ma date de péremption, je n’en reviens pas de tous ces gens qui tiennent à me précéder dans le grand vortex éternel. Des plus vieux, des plus jeunes, qu’ont-ils à vouloir me voler la vedette? Ils auraient pu attendre, on m’avait dit que c’était bientôt mon tour, soyez patients que diable.

Même Frédéric Metz, que j’avais vu en pleine forme il n’y a pas si longtemps alors que nous avions rendez-vous le même jour à l’hôpital, a préféré partir avant moi.

Il n’y a que Jean Charest, qui ne semble pas vouloir me précéder, paraît même qu’il prépare un retour en politique au fédéral. Imaginez un printemps érable à la grandeur de pays, ce serait génial. En tant que premier ministre du Canada, il pourrait même envoyer l’armée là-dedans pour taper sur les manifestants. Le chaos qu’il créerait serait assez pour que je désire rester un peu plus longtemps, il est insurpassable.

Bon, soyons sérieux, je ne veux pas tant que ça que ce soit mon tour, ou j’aimerais le savoir pour de vrai, mais on est dans le flou. Dans mon cas, c’est un peu plus concret que pour le commun des mortels, mais encore trop vague, et me retrouver là, à l’hôpital, en jaquette bleue, avec les maganés de la vie, les grabataires à la peau verte, avoir franchi cette porte qui s’est refermée sur moi, ça me mettait en colère. Laissez-moi redevenir un être humain normal, je veux aller à la banque demander une hypothèque, je veux poigner des contraventions encore longtemps, je veux aller acheter du linge qui me fera encore dans dix ans, je veux me trouver une blonde, juste pour pouvoir me chicaner avec elle, n’importe quoi pour avoir une vie normale encore un peu.

Le pire dans tout ça, c’est que je n’attends plus dans les salles d’attentes, ce qui signifie plus de petits dessins et ça, ça me frustre encore plus. Je sais, je suis  anormal. Si j’étais ministre de la santé, je demanderais que l’attente soit d’une demi-heure minimum dans tout le réseau, pas seulement à l’urgence et j’obligerais les gens à faire quelque chose de ce temps: lire, dessiner, même écrire le roman de leur vie, plutôt que de rester là le regard vide ou pire fixé sur un écran de télé diffusant les émissions de TVA. Ils peuvent bien trouver que c’est long!

Je reviens sur Frédéric Metz que je ne connaissais pas tant que ça, même si c’est lui qui m’avait embauché pour enseigner le dessin à l’UQÀM il y a des lunes. Il était aussi flamboyant et verbomoteur que je ne le suis pas, mais je peux grandement apprécier son apport au monde du design et cette ville serait infiniment moins laide si on avait suivi ses conseils plus souvent.


Alors, je vous reparle après ma visite en onco demain.

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