Alors, laissant tout derrière nous, pour le meilleur et pour le pire, mon fils Thomas et moi, on a pris l’avion pour Calgary. En sortant de l'aéroport, nous avons hésité entre taxi et autobus et finalement, nous avons opté pour le transport en commun, qui s'avèrera le bon choix malgré nos bagages. La première conductrice a bien compris où nous allions, elle nous a même laissé à côté du prochain bus que nous devions prendre, qui semblait être là à n’attendre que nous. C’était presque un service de limousine. Le B&B était un peu excentré et, pour cette raison, beaucoup moins cher, alors l’aide de ces gens a été grandement appréciée.
La dame de
notre gîte est originaire du Québec, mais pas plus sympathique qu'il ne faut. Je
l'ai même entendu dire qu'elle n'aimait pas les Québécois, qui pourtant doivent
constituer une certaine part de sa clientèle puisqu’elle fait sa publicité dans
les deux langues. Elle nous a aussi présenté à une autre cliente, une
française, lorsqu’elle a su que nous parlions le français dégénéré du Québec, qui
nous a regardé avec un sourire en coin et ne nous a plus adressé la parole de tout
le séjour. Bel accueil!
À ma
première visite en famille à Calgary, nous n’avions pas tellement aimé la
ville. Je me souviens d’avoir marché dans des endroits désaffectés ou des parcs
fréquentés par des gens peu recommandables. Pas très rassurant, avec trois
enfants. Mais, j’imagine qu’avec le boom économique, les choses ont changé car
je n’ai visité que des endroits forts agréables et sécuritaires, cette fois.
Retour à
Calgary : il y avait eu un article dans « La Presse », section
Voyages, peu de temps auparavant, et leurs efficaces journalistes avaient
simplement piqués toutes les bonnes adresses dans le guide de la ville qu’on
nous remettait en arrivant ici. Pas trop difficile le métier de reporter et ils
ont eu le voyage payé en plus, eux.
Les
adresses étaient bonnes mais souvent difficiles à trouver, comme le Village Ice
Cream, sur la 19e SE qui se comparerait au Bilboquet ici. C’était près de chez
nous, mais dans un racoin un peu perdu dans un cul de sac bordé de pylônes
électriques. On était à deux pas, mais on ne voyait pas le plus petit panneau
publicitaire. On a bien failli rebrousser chemin.
Aussi,
cette brûlerie que j'ai réussi à trouver après une marche de plus d'une heure à
travers « leur » Mont-Royal qui est encore moins une montagne que ne
l'est la nôtre, mais, là comme chez nous, il y a de très jolies maisons et les
noms de rues m’étaient très familiers: Montcalm, Wolfe, Québec, Montréal, Frontenac.
Sympathique n'est ce pas? Mon petit café brûlerie s'appelait Phil &
Sebastian, on le trouve sur la 33e SW et j'y ai bu le meilleur macchiato de ma
vie. Faut dire que c'était mon premier, aussi. Un macchiato est un espresso
avec une tache de lait, de là le nom qui signifie taché. J’aime bien un
bon espresso, mais je trouvais que la larme de lait l’adoucissait juste assez à
mon goût.
En
revenant vers le centre ville par la 20e rue SW, j'ai vu de belles maisons et,
vieilles comme neuves, elles étaient construites en harmonie autant dans le
style que les couleurs. Elles étaient la plupart du temps en bois et dans des
teintes naturelles, qui se fondent avec leur environnement. Rien à voir avec
l'anarchie vulgaire qui règne à Montréal et ses banlieues, où c'est le
clinquant et le tape-à-l’œil qui règne en maître.
Donc, ce
parc se situe à l’opposé des autres, complètement au sud-ouest de l’Alberta, il
jouxte le Parc des Glaciers aux États-Unis; on peut, d’ailleurs, y traverser la
frontière et explorer les deux parcs. L'arrivée en vue des montagnes est rien
de moins que spectaculaire, car c'est une longue plaine agricole qui vous mène
à ces formations rocheuses qu'on aperçoit de très loin.
Vous vous
demandez sûrement où sont les malheurs annoncés, ça s'en vient et nos
souffrances devraient vous rappeler que mon histoire se déroule en 2013. Bon,
on arrive, on s'installe, tout est beau, sauf que je ronfle. Mon fils ne veut
pas dormir dans le même lit que moi, même s’il est énorme, je précise : le
lit, pas mon fils. Il y en a bien un autre, mais, c'est un lit d'enfant. Je
n’avais pas vu ce détail sur leur site en louant. Mon fils n'est pas grand,
mais tout de même et en plus ils avaient oublié la literie pour lui.
Le premier
soir, début juin, il fait encore un peu frais la nuit, alors, on se partage les
couvertures, mais il aura froid. Le lendemain, on lui achète un sac de
couchage, un peu mieux, mais il réintégrera l'habitacle principal le lendemain
et, muni de bouchons, il dormira assez bien, bien qu'en diagonale et un peu
recroquevillé le pauvre.
Notre
première randonnée nous amènera aux chutes de Lineham Creek, un parcours pas
trop difficile pour commencer, mais tout de même magnifique, car comme nous
sommes à flanc de montagne, nous aurons toujours une vue sur l’autre côté de la
vallée. Arrivés à une certaine hauteur, nous avons droit à une explosion de
magnifiques fleurs sauvages comme j’en ai rarement vu. Il y a une belle grande
chute au bout de la piste, nous y mangeons notre lunch et redescendons. Mais,
pris de fatigue : décalage ou parce qu’il m’ont coupé le Décadron il n’y a
pas si longtemps, nous nous allongeons près de la rivière pour un petit
roupillon. Ce n’est qu’après, quand nous en saurons plus sur les Grizzlys, que
nous penserons à ce qui serait arrivé si l’un d’entre eux avait eu soif tout à
coup.
À chaque
pas qu'on faisait, il fallait bien enfoncer sa botte dans la neige pour assurer
sa position. Quand il y avait plus d’arbres, je me permettais d’aller plus
vite, mais il m'est arrivé par deux fois de glisser. Heureusement, à chaque
fois, j'ai pu me raccrocher à une épinette, mais la deuxième fois, je tenais
l'arbre au bout d'un de mes bras maigre et j'étais incapable de reprendre pied,
j'ai réussi puisque je vous en parle, mais j'ai compris l'utilité des bâtons de
marche dans ces situations, moi qui m'étais toujours moqué de ceux qui s'en
servait. C’était très demandant et le petit vieux que je suis pompait l’huile
un petit peu.
Puis, deux
vaillants jeunes hommes nous ont rejoints et dépassés, ils avaient, devinez
quoi : des bâtons. Alors nous avons suivi leurs traces, car la piste
devenait difficile à voir et nous n'avions qu'une carte assez rudimentaire.
Alors, après être passé, le dos voûté,
dans un tunnel naturel d’une centaine de mètres à flanc de montagne et
fait un peu d’escalade en s’agrippant à des câbles d’acier, on s'est finalement
rendu à Creek Lake qui était encore partiellement pris dans les glaces.
Après un
lunch bien mérité, on est redescendu. Mon fils m'a trouvé une branche tordue
pour aider son vieux à moins perdre pied. Je trouve, en général, les descentes
plus ardues que les montées, on a le genou moins élastique à mon âge, mais mon
jeune homme lui, faisait du « free style », c’est-à-dire que plutôt
qu’être trop prudent comme moi, il prenait son élan et glissait sur plusieurs
mètres dans la neige, comme s’il avait eu des skis. Il n’aurait pas fallu que
sa mère voit ça.
LE VOILÀ LE FAMEUX TUNNEL AVEC LA LUMIÈRE AU BOUT DONT TOUT LE MONDE PARLE. |
Le
lendemain, quand j’ai raconté nos aventures à une gardienne du parc, elle nous
a fait une carte, juste pour nous, sur laquelle elle a indiqué au gros marqueur
noir où nous ne devions vraiment pas aller, si on voulait revenir en un seul
morceau.
Les deux
autres randonnées furent plus sages, mais plus stressantes. À force de voir des
traces d’ours noirs et de grizzlys, on devient un peu paranoïaque. À
notre troisième sortie, nous avons marché vers le lac Forum et presqu’arrivé à
destination, nous avons vu des traces de pas dans la neige, mais vraiment
partout sur des centaines de mètres. Je me suis dit qu’il y avait eu beaucoup
de visiteurs ici. Mais, c’est en examinant les traces qu’on s’est rendu comte
que c’était des traces d’ours noir. Difficile d’être plus dans le territoire de
la bête, et on était au printemps, ce qui veut dire bébé ours et peut être
grosse maman pas contente, en tous cas, on est bien resté un peu, mais en
regardant bien autour.
À notre
dernière sortie, nous avons longé le lac Waterton vers la frontière américaine.
En allant, nous avons vu sur le sentier plusieurs traces de pattes de grizzlys,
mais au retour, un énorme tas : rien à voir avec les petits cacas aux
bleuets de nos ours noir. Et, pire encore, une mâchoire encore sanguinolente
qui avait dû appartenir à un pauvre chevreuil, qui comme nous, gambadait dans
les parages, il n'y a pas si longtemps. La bête ne devait pas être loin et même
si on se disait qu'elle venait de bouffer un chevreuil, elle aurait peut-être
eu envie, encore, d'un petit dessert. Alors, on a accéléré le pas quelque peu.
Bon les vrais malheurs s'en viennent, je vous le jure. Alors après une semaine dans cet endroit magnifique que nous n'aurions point dû quitter, nous partons, le cœur joyeux vers Banff. Alors qu’on est à moins d’une heure d'arriver, nous essuyons une ondée aussi intense que passagère, mais sans conséquence. Était-ce un présage?
Bon les vrais malheurs s'en viennent, je vous le jure. Alors après une semaine dans cet endroit magnifique que nous n'aurions point dû quitter, nous partons, le cœur joyeux vers Banff. Alors qu’on est à moins d’une heure d'arriver, nous essuyons une ondée aussi intense que passagère, mais sans conséquence. Était-ce un présage?
Je décide de
m’arrêter pour faire le plein, car souvent dans les montagnes les stations-services
sont rares et là, tumeur au cerveau n’aidant pas, je regarde plus ou moins la
pompe et je pèse sur le bouton vert qui, il me semble est la couleur du diesel.
Erreur : je remplis le réservoir d'essence normale et je ne m'en rends
même pas compte. Je paye, on repart, mais au bout de quelques kilomètres: Teuf!
Teuf! Teuf! Je réussis à me rendre sur l'accotement.
À SUIVRE-L'ENFER
P.S. Vous aurez remarqué les dessins, j'imagine, et bien oui, rendons grâce au pinceau au plus haut des cieux, je m'y suis remis! Bien sûr, les dessins préliminaires ont été fait sur les lieux, mais je les ai finalisé cette semaine dans "le confort de mon foyer", comme disent les anglais.
P.S. Vous aurez remarqué les dessins, j'imagine, et bien oui, rendons grâce au pinceau au plus haut des cieux, je m'y suis remis! Bien sûr, les dessins préliminaires ont été fait sur les lieux, mais je les ai finalisé cette semaine dans "le confort de mon foyer", comme disent les anglais.