vendredi 11 avril 2014

La forêt de ma vie

En attendant mon texte final sur mon père, je vous refile un petit bout du livre de ma mère, Jeannine Langlois, qui nous présente Jean-Pierre d’une façon plus poétique mais tout aussi caustique. Son livre s’intitule « La forêt de ma vie » et je trouve que c’est bien fichu pour une dame qui n’a qu’un sixième année.

Elle était d’une grande beauté, je me souviens que lors de mon inscription à l’école, nous devions passer sous l’autoroute métropolitaine en construction et qu’elle s’est fait siffler à plusieurs reprises. Je n’avais que cinq ans et demi mais je me souviens qu’elle était magnifique dans son tailleur bleu et blanc avec son petit chapeau assorti.

Elle est , bien sûr, encore belle à 85 ans et toujours aussi allumée et drôle que dans sa jeunesse.



LE PIN BLANC

Sous l’écorce des jours, au mois d’octobre, le pin velu bougonne. Ses compagnons se parent de couleur chaudes, or ambré, rouge carminé, alors que son habit reste bien vert.

Tout l’hiver, ses congénères se reposent. Lui, lutte! Mal dans sa peau, il pique ses proches de ses aiguilles.

Ses rameaux grêles et flexibles doivent leur rugosité aux bosses des cicatrices foliaires. Atteint, il tente de se faire justice. Son odeur sauvage m’attire.

Géant immobile, toi, résineux, tu te refermes sur toi-même! Toi, Jean-Pierre, entends, entends ce que j’ai à te dire! Colosse figé, je recherche ton calme. À la longue, tu deviendras ennuyeux et tu m’endormiras.

Entre tes aiguilles, le vent chante: je découvrirai que tu manques de confiance en toi, tu te sens fort quand tu écrases les plus faibles

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