En attendant mon texte final sur mon père, je vous
refile un petit bout du livre de ma mère, Jeannine Langlois, qui nous présente
Jean-Pierre d’une façon plus poétique mais tout aussi caustique. Son livre
s’intitule « La forêt de ma vie » et je trouve que c’est bien fichu pour
une dame qui n’a qu’un sixième année.
Elle était d’une grande beauté, je me souviens que
lors de mon inscription à l’école, nous devions passer sous l’autoroute
métropolitaine en construction et qu’elle s’est fait siffler à plusieurs
reprises. Je n’avais que cinq ans et demi mais je me souviens qu’elle était
magnifique dans son tailleur bleu et blanc avec son petit chapeau assorti.
Elle est , bien sûr, encore belle à 85 ans et toujours aussi allumée et drôle que
dans sa jeunesse.
LE PIN BLANC
Sous l’écorce des jours, au mois d’octobre, le pin
velu bougonne. Ses compagnons se parent de couleur chaudes, or ambré, rouge
carminé, alors que son habit reste bien vert.
Tout l’hiver, ses congénères se reposent. Lui, lutte!
Mal dans sa peau, il pique ses proches de ses aiguilles.
Ses rameaux grêles et flexibles doivent leur rugosité
aux bosses des cicatrices foliaires. Atteint, il tente de se faire justice. Son
odeur sauvage m’attire.
Géant immobile, toi, résineux, tu te refermes sur
toi-même! Toi, Jean-Pierre, entends, entends ce que j’ai à te dire! Colosse
figé, je recherche ton calme. À la longue, tu deviendras ennuyeux et tu
m’endormiras.
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