J'ai vu mon médecin avant-hier pour ma tumeur au cerveau; je le précise au cas où je l'oublierais moi-même en écrivant ce texte. Alors, bonne nouvelle, il m'a donné un autre six mois, pas à vivre, mais, avant que je le revoie. On se rencontre, habituellement, deux fois par année, mais cette fois, ça été un peu plus long. Il y a eu confusions et je lui ai, sans le savoir, posé un lapin.
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DANS LA SALLE D'ATTENTE: ILS ÉTAIENT DEUX, DEUX ASSIS FACE À FACE ET QUI SE PARLAIENT PAR SIGNES. LE PLUS DIFFICILE, SEMBLE-T-IL, EST DE FAIRE COMPRENDRE À L'AUTRE PERSONNE QU'ON VEUT LUI PARLER SI ELLE NE VOUS REGARDE PAS. |
Je dois avouer que le voir de loin en loin, comme ça, me réconforte et m'angoisse à la fois, surtout, quand j'ai des migraines ophtalmiques, qui, mis à part les petites lumières étranges qui dansent dans mes yeux, sont, pour l'instant, les seuls rappels de ma condition de cancéreux.
Il m'a un peu rassuré, car, m'a-t-il dit, si mon chancre mou se réveille, on le verra venir avant qu'il ne m'affecte. Ma plus grande peur a toujours été de paralyser soudainement du côté droit de mon corps, le côté opposé à ma tumeur, de m'affaler sur le trottoir, de me péter la tête sur le béton et de mourir au bout de mon sang.
Je rigole un peu, mais, je sais que paralyser sera mon lot. Pas vraiment hâte! Je devrais peut-être commencer à exercer ma main gauche tout de suite.
Je lui ai parlé de nouveaux traitements. Depuis que je connais ma condition, il ne se passe pas une semaine, sans qu'on parle d'un traitement révolutionnaire, pour outrepasser les barrières chimiques du cerveau et se rendre jusqu'à la tumeur. J'ai même maintenant un ami à Ottawa qui s'occupe de recherches dans ce domaine et qui m'a dit qu'il y avait plusieurs protocoles de recherche très prometteurs. Mais, tout ça, c'est pour dans dix ou quinze ans. J'ai le temps de mourir quelques fois d'ici là.
Par contre, mon gentil docteur m'a dit que le traitement que j'ai eu, la combinaison de radio et de chimio était tout nouveau quand ils me l'ont fait et que les résultats étaient très bons.
Alors, réjouissons-nous et gloire au seigneur et merci à lui de ne pas me rappeler tout de suite au plus haut des cieux. Surtout que j'ai déjà un ange qui veille sur moi au quotidien, ici bas.
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DEUX DESSINS FAITS DANS UNE CLINIQUE DE BOUCHERVILLE. MON FILS VENAIT Y CONSULTER LE PÈRE DE MES ENFANTS. (-; |
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