VOICI QUELQUES OEUVRES PARUES DANS VICE-VERSA, DE CEUX QUI ÉTAIENT À PARIS
UNE COUVERTURE DE STÉPANE DAIGLE ET UNE DE DANIEL SYLVESTRE |
STÉPHANE DAIGLE |
KAMILA WOSNIAKOWSKA |
DANIEL SYLVESTRE |
NORMAND COUSINEAU |
DEUX OEUVRES DE RICHARD PARENT QU'IL A FAITES PLUS TARD, POUR LA REVUE. |
On est le 4 novembre 1987 et je suis surpris de ne trouver nulle part mention dans mes écrits du décès de René Lévesque qui eut lieu le premier novembre, moi qui étais si nationaliste. Pourtant, je parle de la mort de Yoland Guérard, qui, lui, est décédé le 2 et qui était directeur du centre culturel du Canada où nous exposions et je trouve cocasse de penser qu’il est mort à 64 ans, alors que j’en ai 62 bientôt, le temps me rattrape. Il me semblait tellement vieux à l’époque et m’y voilà presque. J’ai aussi été l’écouter sur youtube, et, ma foi il était assez bon chanteur, malgré son look de vendeur d’assurances. Mais, il devait aussi faire des horreurs pour gagner sa vie, comme cet insupportable duo avec Diane Dufresne.
Je
pense que c’est pour ça qu’il a changé de métier.
JE ME METS À LA COULEUR: PAS FACILE. |
Retour
à Paris, on a changé d’hôtel. Je couche dans la même chambre que Gianni et
Jean-Paul, le gourou de certains du groupe qui squatte notre chambre. J’ai la
grippe. Après le petit déj, on s’en va au Centre où je coupe mes passe-partout.
Après le lunch, visite à Orsay, nous y sommes invités par l’Équipe de design du
musée. On entre gratos, je sors mon aquarelle et commence un dessin, mais un
petit gardien me dit que c’est interdit. J’imagine que si je lui avais dit que
je m’appelais Vincent Van Gogh, il n’aurait pas su qui j’étais.
J’ai
mal à la tête et je trouve que même les Gauguin ont l’air de ce qu’ils
sont : de vieilles croûtes.
DEUX DE MES DESSINS PRÉFÉRÉS: ENTRE CONTÔLE ET FLUIDITÉE. À GAUCHE, LE GOUROU JEAN-PAUL ET À DROITE, CAMILLA. |
On dîne (soupe) chez
Bouillon Chartier, un classique quand on passe par Paris. Il est presque midi
quand j’écris ceci chez moi, je regarde leur menu sur le net et je
salive :
Les entrées (de 1.80 € à 6.80 €)
- Potage
de légumes
- Avocat
sauce crevettes
- Carottes
râpées vinaigrette
- Céleri
rémoulade
- Œuf dur
mayonnaise
- Poireaux
vinaigrette
- Salade
de tomates
- Salade
de tomates et concombres
- Salade
d'endives au roquefort
- Salade
frisée aux lardons
- Salade
verte mélangée
- Bloc de
foie gras de canard
Etc.
Simple
cuisine bistro, mais toujours bonne !
APRÈS L'INTERDICTION DE L'AQUARELLE, JE ME REMETS À LA PLUME |
J’ai
une petite anecdote sur ce resto, car nous y sommes allés, des années plus
tard, avec les enfants et le serveur était plié en deux quand, Antoine, le plus
vieux, a demandé de la mayonnaise. Il lui a même demandé de répéter plusieurs
fois pour bien saisir les subtilités de la prononciation québécoise.
Jeudi
matin, 5 novembre, nous voilà à l’Hôtel Astor, par hasard, situé sur la rue d’Astorg.
Je fais monter croissants et café par Gianni, pendant que je suis dans mon
bain, la vie est dure. On s’en va monter l’expo, mais les jeunes étudiants qui
doivent nous aider partent luncher quand on arrive, ils doivent être syndiqués.
Faut dire qu’on est arrivé tard, on est presque en vacances, nous. Après une
heure, l’expo est montée et les jeunes installent les éclairages. Il y a deux illustrateurs
qui sont mécontents de ne pas être dans la salle principale.
MARC, QUI NOUS AVAIT AIDÉ À MONTER L'EXPO, ÉVELYN ET LAMBERTO. |
Ce
soir là, on mangera au Montmartre Couscous, un restaurant qui appartient à
quelqu’un de la famille d’Evelyn. La dame du lieu est une Abitbol, comme elle.
On est super bien reçu. Il paraît que le couscous est devenu le plat national
des français et je comprends : tellement de saveurs subtiles.
MARC ET ÉVELYN. |
Vendredi
le 6, vernissage enfin. Je m’emmerderai, bien sûr, rien à dire à des gens qui
n’écoutent pas de toute façon. Quand ils sortent le buffet, la foule se « garroche »
et il y a plein de clodos qui essaient d’agripper un canapé au passage, mais
les garçons aguerris, tiennent les cabarets bien haut pour garder la bouffe
pour les parasites mieux habillés.
C’est notre argent qui est là, tellement ridicule ce cirque. Il y a même
le gourou qui presse Fulvio de faire la carte du ciel de la revue.
LE PROPRIO DU RESTO DE COUSCOUS. |
Un
souvenir, par contre, dont j’aime me rappeler : j’avais été à Montmartre,
voir le Musée d’art naïf et en revenant à pied, je m’étais acheté un cornet de
marrons chauds. C’était l’automne, il faisait frais et le soir tombait. Je
revenais vers l’hôtel par les petites rues et c’était l’heure où les gens du
quartier faisaient leurs emplettes pour le dîner, c’était grouillant de vie et
tenir mes marrons chauds au creux de ma main et les déguster un à un et,
simplement, être là, j’étais au paradis.
ANOUSHKA ET DANIEL |
Le 9, je me rends à la
revue « Lire », rencontrer le directeur artistique. Je lui montre des
dessins que, hypocritement, je prétends avoir fait pour lui : il aime. Je
ferai les icônes de la section critique de livre. Il y a une illustration par thème,
comme romans policiers, historique, science-fiction etc. et les dessins
serviront à chaque mois jusqu’à ce qu’ils les changent. Il me promet d’autres
boulots.
Bon, je saute les
détails inutiles de bien des jours que vous pourrez déchiffrer dans mes écrits
de l’époque, si ça vous chante, pour vous narrer cet incident cocasse. C’est lors
d’un des derniers repas, on est dans un petit resto aux relents de pipi. Le genre d’endroit où l’on s’attendrait à voir surgir
le célèbre inspecteur Maigret, appelé sur les lieux pour résoudre un meurtre
crapuleux. Le repas est payé par la revue et le choix du restaurant est le
leur. Il y a là une partie de
l’intelligentsia de Montréal, trois italiens et un espagnol.
Il y a,
aussi, une jeune dame de notre groupe, fort jolie, mais aussi fort excentrique
parfois. Une personne dont les réactions, les gestes sont toujours surprenants,
inattendus dans notre monde sclérosé.
La demoiselle
en question prise d’une envie tout à fait naturelle se rend aux W.C. (comme on
dit ici) dont la porte donne directement sur la salle à manger, mais, elle en
ressort quelques secondes plus tard en criant « Y’a plus de papier de
toilette ! ». Son chum va lui en porter, mais un sympathique client
sous l’oreille amusée de son compère aviné, lui lance : « Tu
devrais la lui lécher ! »
LES DEUX IMBÉCILES ET MOI DANS LE MIROIR DERRIÈRE EUX, UNE DAME DU C.C.C. ET GIANNI QUI ANGOISSE. |
Elle, pas
décontenancée pour deux sous, retourne aux toilettes, puis en ressort avec un
rouleau et vient enrubanner de papier cul nos deux imbéciles, qui ne rient plus
du tout, sidérés qu’ils sont.
De mon
côté, je continue à manger en jetant toujours un regard de côté pour
surveiller la réaction de nos deux amis avinés. Qui sait, le meurtre
prévu aura peut-être lieu ?
LAMBERTO ET RETOUR À LA MAISON. |
À part ça,
visite à l’école Estienne, une école d’arts et métier où je me disais qu’on
aurait dû nous inviter à présenter nos trucs aux étudiants, plutôt que de nous
faire visiter une école comme on en avait déjà vu.
Il y a bien
eu quelques échanges filles et garçons, quelque tentatives de séduction de ces
belles dames par des Parisiens, mais, comme je ne veux pas risquer de
poursuites presque trente ans plus tard, je m’abstiens, surtout que
personnellement, il ne m’est rien arrivé, car, j’étais très sage…à cette époque.
FIN
PORTRAIT DE MOI PAR DANIEL SYLVESTRE. |