Le troglodyte que je suis est
sorti plusieurs fois de sa caverne récemment pour aller visiter quelques expos et
je me disais que vous voudriez sûrement avoir mes lumières sur tout ça. Une amie
à moi, de la lointaine campagne, voulait faire le tour des galeries de Montréal,
une chose que moi, le citadin, je ne fais jamais. Je suis devenu branché le
temps d’une journée. Nous avons commencé à la maison de la culture Frontenac, à
côté de chez moi et surprise : il s’y tenait une exposition des créations
des dernières années de la vie de Riopelle. J’avoue que j’haïs sa période
abstraite, je n’ai rien contre l’abstraction en général, mais ses toiles de
cette époque me laissent non seulement froid, mais je les trouve franchement
laides.
Ce qu’on voit ici, par contre, c’est
sa période animalière. Il a une maîtrise suprême du geste, de la tache, de la
composition. On m’a dit qu’il s’est mis à utiliser la bombe aérosol parce qu’il
tremblait trop, à cause de son alcoolisme, mais je me dis tant mieux car peint
de cette façon, ça donne au tout une petite touche moderne. Il y a beaucoup
d’œuvres autour des oies sauvages et on peut voir son inspiration pour
beaucoup d’autres œuvres dont des sculptures: un hibou empaillé.
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RIOPELLE |
Je dois avouer que j’apprécie de
plus en plus la sculpture, pour la simple raison que contrairement à une toile,
une sculpture est en trois dimensions et offre autant de perspectives qu’on
veut. À chaque pas qu’on fait, c’est une nouvelle image, une nouvelle vision de
l’œuvre qu’on a. J’ai vu l’an dernier l’exposition Moore and Bacon à Toronto, à
la Art Gallery of Ontario et j’ai trouvé les toiles de Bacon absolument
insignifiantes à côté des merveilleuse sculptures de Henry Moore. Maintenant,
je n’apprécie le bacon qu’avec des œufs. D’ailleurs, je pense que je comprends
pourquoi ils ont intitulé l’expo Moore and Bacon, plutôt que Bacon and Moore, à
chaque fois je pense à « bacon and egg ».
Pour revenir à la maison de la
culture Frontenac, il y avait une exposition dans la salle à côté, mais c’était
trop conceptuel pour que je vous en parle intelligemment. C’est une dame qui
fait, entre autres, des cartons de lait en plastique transparent (?).
On a ensuite été au Belgo, où il
y avait bien une huitaine de galeries à visiter, rien de mémorable à mon goût,
mais en belle compagnie, c’est toujours agréable.
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REGISOL DE DAVID SPRIGGS |
Video of Regisol:
https://vimeo.com/119773099
Le soir même nous allâmes à
l’Arsenal, un endroit spectaculaire. C’est un ancien chantier naval reconverti
en galerie d’art contemporain. L’immensité des lieux fait qu’on peut y exposer
des œuvres de grande dimension, j’y ai vu deux grands ramassis de cochonneries
superbes de David Altmejd. L’exposition principale est « Prism » de
David Spriggs et il nous y parle de l’invasion de la surveillance dans notre
société. Il nous montre des objets en trois dimensions passés aux rayons X,
mais le clou est un immense chevalier sur sa monture qui est composé de
feuilles d’acétate colorées. C’est un peu difficile à expliquer, mais le
résultat est impressionnant et intrigant.
Un autre jour, une autre
exposition : « Merveilles et mirages de l’Orientalisme », au
Musée des Beaux Arts de Montréal et qui met surtout en vedette les peintures de
Benjamin-Constant. Je croyais que Bougereau était le prince des peintres
pompiers, mais on a ici le roi lui-même. Bien sûr, on peut admirer son coup de
pinceau, ses éclairages sublimes, son dessin hyper maîtrisé, mais à part
quelques rondes et magnifiques paires
de fesses, je n’en retiens rien du tout. On ne sait pas très bien d’où
vient le terme « art Pompier ». Une des hypothèses dit que c’est
parce qu’il y avait souvent des soldats de l’antiquité avec des casques de
métal dans les peintures et que ça ressemblait à des casques de pompiers, alors
qu’une autre parle du côté pompeux des images.
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LES FESSES EN QUESTION, QUELLES MERVEILLES! |
C’est certain que je suis quand
même un peu jaloux de sa maîtrise et à cette époque pré photo, le style
Académique était un peu ce que tout le monde faisait. Il y a là, quelques
Delacroix et quand vous les verrez, demandez-vous pourquoi ce dernier est considéré
comme un grand maître, mais, pas Benjamin-Constant. Mon hypothèse, et ici il
faut revenir à ce que je disais de Riopelle, c’est dans le geste, l’intensité,
la vie qu’il y a dans les toiles de Delacroix qui impressionne et qui est
absente de celles de Benjamin-Constant, qui sont à mes yeux purement décoratives.
Finalement, exposition « Les
Grecs » au Musée de la Pointe-à-Callière : Merveilleuse! Que des
trésors ici et à foison. Ce que j’aime, c’est que contrairement à ce qui se
passe quand on va au Moma à New-York ou au British à Londres, il y en a juste
assez pour ce qu’un être humain peut assimiler sans avoir la nausée.
Bien sûr il y a des bémols, d’abord
le musée lui-même est un peu exigu et drôlement conçu sur deux étages. Il ne
faut pas y aller le week-end : attente assurée et visite coincée. J’y ai
été un dimanche, mais j’ai rebroussé chemin cette fois-là. Secundo, je trouve
un peu étranges ces pillages de tombes intensifs. Je me disais que si on vidait
les tombes et cercueils de ceux qui sont morts au lac Mégantic et qu’on en
faisait une expo : imaginez le tollé! À partir de quand peut-on désacraliser un monument
funéraire : 50 ans, 1000 ans ou est-ce quand la religion de ceux qui sont
enterrés là, n’est plus à la mode?
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ALEXANDRE LE GRAND (?) |
Deuxième bémol, on nous parle à
la fin des conquêtes d’Alexandre Le Grand en nous disant qu’il a apporté la civilisation
à des populations lointaines. Mais, on ne parle pas trop des morts qu’il a
laissés sur son chemin. Quand une ville lui résistait, too bad, le monsieur
après sa victoire, faisait occire tous les hommes et amener femmes et enfants
en esclavage. Ça ressemble à du génocide ça! Je viens de lire sa bio en diagonale
et son premier geste en accédant au trône, fut de faire assassiner la
compétition. Le temps nous fait oublier ces petits détails macabres.
Ceci dit, allez-y tout de même,
pour admirer la grandeur de l’Homme!