L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS
Comme vous
le savez peut-être, je suis en attente du résultat d'un scan que j'ai passé,
autour de la mi-avril et j'attends toujours. Le IRM cérébral allait servir à confirmer
que ma tumeur reprenait du service et qu'il fallait que je retourne en chimio.
Alors, j'ai laissé passer les heures et les jours et quelques temps après mon
anniversaire, je me suis dit que j'irais aux nouvelles. J'appelle l'infirmière-pivot
qui me dit que c'est à moi d'appeler pour un rendez vous après un tel examen.
J'ai dû passer au moins 7 ou 8 résonances, et jamais je ne les ai appelés. Ils m'envoyaient une petite lettre me disant : vous avez rendez-vous avec le
doc untel, telle heure, telle date.
Mais là,
rien et si je ne les avais pas rappelé, imaginez! Si ma tumeur avait été
active, j'aurais pu devenir aveugle ou paralysé avant qu'on ne me traite. Sauf
qu'il ne m'est rien arrivé, pas encore, alors je ne peux même pas les
poursuivre, mais qui sait d'ici à ce que je vois le doc, il me reste quelques
jours.
Je dois
avouer que ça m'avait vachement déprimé quand mon médecin m'avait annoncé la possible
reprise des traitements, car plus les traitements sont rapprochés, plus ma vie
risque d'être écourtée. À un moment donné la tumeur résiste à tous les assauts
et, alors, bye, bye, la visite. Au début, je trouvais que 2 à 4 ans c'était long, mais
il y a déjà un an et demi de passé. Alors je pourrais être mort d'ici à
décembre : beau cadeau de Noël!
Les petites
pilules qu’ils vont peut-être me donner ont beau être très jolies, elle te
perturbe le body et le mental pas à peu près. Ou bien je me prends pour
Superman ou pour un guenille de lavabo et le pire, j’en ai déjà parlé, c’est
que tout goûte le « cartron », même le caviar d’espadon de l’Oural
que j’aime tant.
VICKIE
GENDREAU
Je ferme
les yeux / J’ouvre les yeux
Je croyais
bien être le premier à raconter ma mort en direct, mais quelqu’un m’a devancé,
autant dans le récit que dans la mort. Elle s’appelle, s’appelait, Vickie
Gendreau, elle est morte à 24 ans, en 2013, mon année maudite et la sienne
aussi, apparemment. Elle a publié
au moins deux livres sur sa vie après qu’on lui eut trouvé une tumeur au
cerveau. Le premier s’appelle « Testament ». Elle nous offre tous les
secrets de sa vie, tous ces mots que d’ordinaire on tait par pudeur ou par peur
de blesser. Un grand livre ouvert, à la fois sombre et lumineux :
touchant.
Elle s’y
dévoile sans fard, surtout quand elle parle de sa carrière de danseuse nue, un métier qui dit elle, lui plaisait beaucoup.
C’est cru,
c’est dur, sans pitié. On peut avoir certaines difficulté à la suivre parfois,
tellement l’écriture semble spontanée et impulsive, mais ça fait partie de son
charme. En même temps, elle est d’une tendresse et d’une fragilité extrême et
si je peux me permettre d’étaler mes connaissances scientifiques, je pense qu’on
peut déceler dans son style, son débit, l’influence de mon ami le Décadron
qu’elle n’avait pas le choix d’utiliser pour survivre un brin.
Son
deuxième bouquin a pour titre
« Drama Queens » et il est, disons, plus linéaire, moins
touffu, moins tordu. Elle nous fait part de son quotidien face à la maladie avec,
bien sûr, de nombreuses digressions, mais c’est lui qui m’a accroché en premier et qui m’a fait revenir au
premier pour le décoder et en comprendre les nuances.
Après
avoir lu tellement de littérature québécoise frauduleuse qui vous racontent le
vécu de semi-adultes en chaleur, ou des histoires trop inventées pour qu’on
puisse y croire, c’est tellement bon de pouvoir lire quelque chose d’aussi neuf
et intrépide. Merci Vickie, on devrait s’en reparler bientôt. Et tu danseras
pour moi!
Le lien vers son apparition à
« Tout le monde en parle »
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