samedi 12 juillet 2014

ICI ET MAINTENANT

L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS
Comme vous le savez peut-être, je suis en attente du résultat d'un scan que j'ai passé, autour de la mi-avril et j'attends toujours. Le IRM cérébral allait servir à confirmer que ma tumeur reprenait du service et qu'il fallait que je retourne en chimio. Alors, j'ai laissé passer les heures et les jours et quelques temps après mon anniversaire, je me suis dit que j'irais aux nouvelles. J'appelle l'infirmière-pivot qui me dit que c'est à moi d'appeler pour un rendez vous après un tel examen. J'ai dû passer au moins 7 ou 8 résonances, et jamais je ne les ai appelés. Ils m'envoyaient une petite lettre me disant : vous avez rendez-vous avec le doc untel, telle heure, telle date.
Mais là, rien et si je ne les avais pas rappelé, imaginez! Si ma tumeur avait été active, j'aurais pu devenir aveugle ou paralysé avant qu'on ne me traite. Sauf qu'il ne m'est rien arrivé, pas encore, alors je ne peux même pas les poursuivre, mais qui sait d'ici à ce que je vois le doc, il me reste quelques jours.
Je dois avouer que ça m'avait vachement déprimé quand mon médecin m'avait annoncé la possible reprise des traitements, car plus les traitements sont rapprochés, plus ma vie risque d'être écourtée. À un moment donné la tumeur résiste à tous les assauts et, alors, bye, bye, la visite. Au début, je trouvais que 2 à 4 ans c'était long, mais il y a déjà un an et demi de passé. Alors je pourrais être mort d'ici à décembre : beau cadeau de Noël!
Les petites pilules qu’ils vont peut-être me donner ont beau être très jolies, elle te perturbe le body et le mental pas à peu près. Ou bien je me prends pour Superman ou pour un guenille de lavabo et le pire, j’en ai déjà parlé, c’est que tout goûte le « cartron », même le caviar d’espadon de l’Oural que j’aime tant.


VICKIE GENDREAU
Je ferme les yeux / J’ouvre les yeux
Je croyais bien être le premier à raconter ma mort en direct, mais quelqu’un m’a devancé, autant dans le récit que dans la mort. Elle s’appelle, s’appelait, Vickie Gendreau, elle est morte à 24 ans, en 2013, mon année maudite et la sienne aussi, apparemment.  Elle a publié au moins deux livres sur sa vie après qu’on lui eut trouvé une tumeur au cerveau. Le premier s’appelle « Testament ». Elle nous offre tous les secrets de sa vie, tous ces mots que d’ordinaire on tait par pudeur ou par peur de blesser. Un grand livre ouvert, à la fois sombre et lumineux : touchant.
Elle s’y dévoile sans fard, surtout quand elle parle de sa carrière de danseuse nue, un métier qui dit elle, lui plaisait beaucoup.
C’est cru, c’est dur, sans pitié. On peut avoir certaines difficulté à la suivre parfois, tellement l’écriture semble spontanée et impulsive, mais ça fait partie de son charme. En même temps, elle est d’une tendresse et d’une fragilité extrême et si je peux me permettre d’étaler mes connaissances scientifiques, je pense qu’on peut déceler dans son style, son débit, l’influence de mon ami le Décadron qu’elle n’avait pas le choix d’utiliser pour survivre un brin. 
Son deuxième bouquin a pour titre  « Drama Queens » et il est, disons, plus linéaire, moins touffu, moins tordu. Elle nous fait part de son quotidien face à la maladie avec, bien sûr, de nombreuses digressions, mais c’est lui qui m’a accroché en premier et qui m’a fait revenir au premier pour le décoder et en comprendre les nuances.
Après avoir lu tellement de littérature québécoise frauduleuse qui vous racontent le vécu de semi-adultes en chaleur, ou des histoires trop inventées pour qu’on puisse y croire, c’est tellement bon de pouvoir lire quelque chose d’aussi neuf et intrépide. Merci Vickie, on devrait s’en reparler bientôt. Et tu danseras pour moi!


Le lien vers son apparition à « Tout le monde en parle »



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