17 mai 2016, deuxième rendez-vous
avec mon nouvel ami le docteur M
en…, bon, j’ai encore oublié, petite recherche, voilà : neurologie.
Faudrait que je me fasse tatouer ce mot sur un bras, ça pourrait m’être utile.
En fait, ça me prendrait au moins deux bras, voire trois pour y tatouer tous
les mots que j’oublie. Il y a beau y avoir plein de gens d’à peu près mon âge
qui me rassurent en me disant que ça leur arrive aussi très souvent, ça ne me
rend pas ma mémoire.
Cette visite me stressait un peu,
car, depuis deux mois ils m’avaient fait tenir un calendrier de mes migraines
et, fait étrange, après mon encéphalogramme, il me semblait que j’en avais eu
beaucoup plus : aux trois jours, plutôt qu’aux huit ou dix jours. Comme je
l’ai déjà dit, elles ne m’importunent pas trop, vingt minutes et c’est passé.
Mais, c’était la première fois que je mesurais la fréquence et je trouvais ça
beaucoup et trop, mais ça s’est replacé. J’ai même cru que c’était justement
l’encéphalogramme qui avait causé ces migraines à répétition. J’avais lu que
c’était un peu leur but de provoquer une réaction avec leur hyperventilation et
les flashs stroboscopiques dans mes yeux. Le doc m’a assuré du contraire, mais
je ne le croyais qu’à moitié.
Ma grande crainte, vous le savez,
était de perdre mon permis de conduire, car j’étais certain que ce dont je
souffrais était une forme de crise d’épilepsie, mais mon docteur m’a dit que ça
n’avait aucun rapport. Ça m’a estomaqué, je m’étais fait tout un scénario qui
reliait mes migraines à ma tumeur. J’étais certain que si elles étaient plus
fréquentes, c’était la faute de mon cancer qui me bouffait lentement les yeux à
coup de migraines. J’avais même falsifié mon calendrier de crises (juste un
peu) tellement ça me faisait peur.
Depuis le début, je trouvais ça étrange de prendre tout
ça en note, puis de lui remettre ma feuille en m’attendant à ce qu’il me
dise : « Bon, mon cher monsieur, on vous enlève votre permis, vous
prendrez tel et tel médicament et revenez me voir dans un an.» C’est comme se
tirer une balle dans le pied, n’est-ce pas?
Comme quoi je n’avais rien
compris et comme quoi il faut leur poser des questions à ces gens-là. On a
l’impression que comme ils savent tout, ils pensent que nous aussi on devrait
tout savoir. Mais, faut dire que la question précédente que je lui avais posée,
sur la chance que j’avais d’être encore en vie, m’avais tout autant
bouleversée, mais à la négative.
Je me demandais vraiment pourquoi
j'allais voir ce nouveau médecin et encore plus aujourd’hui, et il veut me
revoir, encore, dans trois mois. Personnellement, je préférerais attendre que mon cas
s’aggrave, que ça augmente significativement pour revenir le consulter, surtout si
ça n’a rien à voir avec ma « vraie » maladie, mais bon, je n’ai pas
grand choses à faire, sauf que je trouve juste un peu plate qu’il ne me laisse
pas poireauter dans la salle d’attente, le temps de dessiner avant de le voir. Bon, je vous entends hurler : « Mais quel
con ! Il est frustré de ne pas attendre, alors que le Québec entier se
plaint du contraire !».
C’est sûrement ma tumeur qui me
rend illogique, en fait, je me disais qu’il devrait y avoir un truc d’échange,
comme le bourse du carbone. Ceux qui n’attendent pas beaucoup comme moi,
pourraient donner un peu de temps à ceux qui attendent beaucoup et qui
souffrent. Je me souviens avoir vu, il y a plusieurs années, une jeune dame à
l’urgence, avec une pierre aux reins et qui semblait souffrir le martyr. Elle a
attendu des heures parce que, j’imagine, elle n’était pas en danger de mort,
mais, bon Dieu que j’aurais aimé lui prendre un peu de son temps d’attente pour
qu’elle se fasse soigner plus vite.
Par contre, je me souviens de
cette autre dame qui disait à sa compagne, avant un traitement de
chimio: « C’est donc long l’attente, j’ai assez hâte de retourner
chez nous regarder mes émissions ». Elle est peut-être au ciel
aujourd’hui, où c’est bien connu, il y a le câble gratuit à tous les étages.
Dieu nous aime!
Bon, la conclusion de tout ça,
c’est qu’en dehors de ma tumeur (?), je suis en parfaite santé. Des
mini-migraines, j’en ai depuis au moins la vingtaine, sauf que je ne savais pas
que c’était ça, à l’époque. Et comme on dit souvent, je
suis chanceux dans ma malchance, car depuis mes traitements, je n’ai pas
vraiment eu de problèmes majeurs. Je le répète, quand j’écoute les gens autour de moi, j’ai souvent l’impression d’être
le moins malade de tous et ça va faire bientôt quatre ans que ça dure. C'est peut-être l'amour le secret! ;-)))