jeudi 23 janvier 2014

Annus horribilis (épisode 1)


ANNUS HORRIBILIS

« 2013 is not a year on which I shall look back with undiluted pleasure. In the words of one of my more sympathetic correspondents, it has turned out to be an "Annus Horribilis . »

Voilà une citation que j'ai empruntée à notre bien chère reine qui utilisa cette phrase en 1992, l'année où elle eut à vivre trois divorces dans la famille dont celui de Diana et un incendie à son château de Windsor. Peut-on imaginer pire? Et bien oui: l'année que je viens de vivre.

Je comptais bien que ça se terminerait en 2014, mais il semble que non. 

Le 31 décembre, j'ai commencé un rhume qui, je l'espère, ne dégénèrera pas. J'ai la mauvaise habitude de traîner ça un mois minimum, juste pour dire que je ne suis pas bien. Le lendemain, le premier de la nouvelle année, je me dis voilà, la guigne est finie. Je m'en vais dehors promener mon chien. Je vois une occasion de photo sublime, je sors mon Iphone, je me penche pour avoir le bon angle, je glisse et me tape l'épaule gauche sur la glace. En tombant je me suis dit que je ne me ferais certainement pas mal, mais j'avais oublié que j'avais des douleurs à cette épaule depuis quelques temps. 

Je me suis mis à hurler de douleur, ma chienne est venue voir, mais comme je ne jouais pas, elle est retournée très vite gruger son bout de bois. Aujourd'hui, ça va, il y a des mouvements du bras que je ne peux faire, mais ça devrait passer.

Je n'ai jamais cru à ces balivernes de chiffre treize ou aux planètes mal alignées, mais je peux vous dire que je l'ai eu salée cette année-là. 

Je ne sais pas si vous connaissez ce test:
http://test.doctissimo.fr/tests-psycho/tests-stress/etes-vous-trop-stresse.html

C'est une sorte d'échelle de Richter du stress, ça évalue l'effet d'un évènement sur votre santé mentale et physique. Ça vous demande s'il y a eu des changements dans votre vie, tels que mariage, divorce, déménagement, mort d'un proche, accident etc. Voici ce qu'on m'a dit après avoir passé le test:

"Votre score est de 537 points , découvrez votre profil ci-dessous :

Attention danger !
Vous vivez en état de stress élevé. Il faut absolument vous reposer et trouver un moyen de limiter les tensions que vous rencontrez. 
Vos risques de tomber malade ou d¹exacerber un problème de santé existant sont importants.
N¹hésitez pas à consulter un médecin ou un psychologue pour parler de vos problèmes."

Ils ne disent pas ce qui se passe si on est déjà malade.

Alors voici une liste de mes gros et petits malheurs de cette année. Je suis certain que les seuls qui en ont eu plus que moi sont ou bien morts ou très malades à l'hôpital. D'ailleurs, c'est le côté étrange mais rassurant de la chose, c'est que malgré tout, sauf peut-être ma tumeur, il n'y a rien de vraiment dramatique, ça me tue le moral et la santé, mais ça ne me tue pas moi.

Je vous les donnerai à peu près en ordre, avec explications si nécessaire.

À suivre...



vendredi 10 janvier 2014

Splendore a Venezia

SPLENDORE A VENEZIA 

 JANVIER 2014 
Pour me sortir de ma morosité personnelle d'avant Noël, j'ai été voir la plus récente exposition du musée des Beaux-Arts et comme le visuel ça me connait, ayant été illustrateur longtemps, je me permettrai de critiquer un brin.

D'abord, c'est toujours une joie pour moi d'aller voir une exposition; l'atmosphère feutré, la sérénité du lieu, ces images qui nous parlent, nous racontent cette époque et en plus la merveilleuse musique de la Sérénissime, quel bonheur!

Ceci dit, parlant de la musique, il y a un petit problème avec les écouteurs. Je ne sais pas si c'était seulement le mien, mais la musique était tellement forte dans les salles qu'on entendait à la fois la musique provenant des deux sources, belle cacophonie.


Quant aux peintures, il y avait, bien sûr, les Canaletto, foisonnant de détails pittoresques. Je dois avouer par contre que ce peintre a perdu de son lustre depuis que je sais qu'il utilisait des procédés d'optique pour jeter les bases de son dessin. Il n'y avait pas de caméra à cette époque, c'est certain, et on voulait avoir un rendu le plus près de la réalité possible, de là l'utilisation de cette "béquille". Ça fait des oeuvres intéressantes, mais un peu anecdotiques et raides. Par contre ça fait de très beaux casse-têtes. 



Mon préféré: Tiepolo que je considère plus comme un dessinateur qu'un peintre. Ses toiles, tiennent leur vie et leur mouvement de la ligne plutôt que des formes ou des couleurs.
Le Tintoret, à l'opposé n'en a que pour le modelé et malheureusement ce qu'on nous a prêté pour cette exposition est bien piteux. Mauvais dessins, mauvaises compositions, mauvais rendus. J'aurais pu faire mieux, c'est tout dire. 

Quand au Titien, les oeuvres ici sont de haut niveau, mais ce ne sont pas ses plus grands chef-d'oeuvre.

Il y a aussi une magnifique gondole qu'il faut regarder par de trop minuscules fenêtres, avait-on peur qu'on l'égratigne? Disons que ça rend cet immense et gracieux vaisseau assez anodin. Je suis presque passé à côté sans la remarquer.

Finalement, pour rire un peu, il y a ce portrait d'un luthiste par Carianii. Il est de trois-quart, tout est magnifiquement rendu, sauf que son oeil droit est tellement distant de l'autre que c'est anatomiquement impossible et qu'une fois qu'on l'a vu on ne peut s'empêcher de trouver ça extrêmement étrange, car le reste de l'oeuvre est d'une grande beauté.



En conclusion, j'ai bien aimé, malgré ce que j'en dis. Il s'agissait ici de faire le portrait d'une ville à une époque et ça, c'est très bien réussi.

Je suis aussi retourné voir l'expo BD sur La Pastèque, où on peut voir les oeuvres de plein de mes amis et connaissances, fort sympathique!






jeudi 2 janvier 2014

Petite chanson sur la Mort

Une petite pièce qui me touche beaucoup, de Stefano Landi un compositeur baroque du XVIIe, dans une interprétation très prenante de Marco Beasley avec l'ensemble Arpeggiata sous la direction de Christina Pluhar le tout filmé à Versailles, magnifique!

En plus ça commence en disant ce dont je vous parlais récemment, qu'on vit en se croyant éternel mais qu'il ne faut jamais oublier que la mort est là, au tournant. On peut tout faire pour l'ignorer, mais elle nous attend tous.




PASSACAGLIA DELLA VITA
O come t’inganni
se pensi che gl’anni
non hann’da finire,
bisogna morire.

E’ un sogno la vita
che par si gradita,
è breve il gioire,
bisogna morire.
Non val medicina,
non giova la China,
non si può guarire,
bisogna morire.

Non vaglion sberate,
minarie, bravate
che caglia l’ardire,
bisogna morire.
Dottrina che giova,
parola non trova
che plachi l’ardire,
bisogna morire
.
Non si trova modo
di scoglier `sto nodo,
non vai il fuggire,
bisogna morire.
Commun’è il statuto,
non vale l’astuto
’sto colpo schermire,
bisogna morire.

La Morte crudele
a tutti è infedele,
ogni uno svergogna,
morire bisogna.
E’ pur ò pazzia
o gran frenesia,
par dirsi menzogna,
morire bisogna.

Si more cantando,
si more sonando
la Cetra, o Sampogna,
morire bisogna.
Si more danzando,
bevendo, mangiando ;
con quella carogna
morire bisogna

I Giovani, i Putti
e gl’Huomini tutti
s’hann’a incenerire,
bisogna morire.
I sani, gl’infermi,
i bravi, gl’inermi,
tutt’hann’a finire
bisogna morire.
E quando che meno
ti pensi, nel seno
ti vien a finire,
bisogna morire.
Se tu non vi pensi
hai persi li sensi,
sei morto e puoi dire:
bisogna morire.
Tu te trompes
en pensant que les années
ne vont jamais finir.
Il faut bien mourir.

La vie est un songe.
Elle semble si douce,
mais la joie est courte,
il faut bien mourir.
A rien ne sert la médecine,
inutile est la quinine,
l’on ne peut pas guérir.
Il faut bien mourir.

Rien ne valent les jérémiades,
les menaces, bravades,
que le courage sait bien bâtir.
Il faut bien mourir.
Aucune bonne science,
ne trouve les paroles
pour calmer le désir.
Il faut bien mourir.

Il n’y a pas d’astuce
pour défaire ce nœud,
à rien ne sert de fuir,
il faut bien mourir.
C’est ainsi pour tout le monde.
Le malin ne sait pas
éviter ce coup bas.
Il faut bien mourir.

La Mort cruelle
n’est fidèle à personne,
et fait honte à tous.
Mourir, il le faut.
Pourtant, o délire,
o grande folie,
on croirait mentir.
Mourir, il le faut.

L’on meurt en chantant,
l’on meurt en jouant
la Cithare, ou la Musette.
Mourir, il le faut.
On meurt en dansant,
en buvant, en mangeant.
Avec cette charogne,
mourir, il le faut.

Jeunes, enfants,
et tous les hommes
en cendres doivent finir.
Il faut bien mourir.
Les sains, les malades,
les courageux, les doux,
ils doivent tous finir.
Il faut bien mourir.
Et lorsque tu
n’y penses pas, dans ton sein,
tout se termine.
Il faut bien mourir.
Si tu n’y songes pas,
tu as perdu ta raison,
tu es mort et tu peux dire :
il faut bien mourir.