samedi 21 décembre 2013

Anniversaire de ma Tumeur

L'ANNIVERSAIRE DE MA TUMEUR


C'est aujourd'hui l'anniversaire de ma tumeur, ou plutôt de sa découverte. Je ne saurai jamais quand elle est apparue, mais je sais très bien quand elle va disparaître, car je disparaîtrai en même temps qu'elle dans les flammes du four crématoire. Déjà un an, ça signifie que selon mon premier médecin il ne me reste qu'un an à vivre et selon mon dernier médecin, trois.

J'ai demandé à mon oncologue combien de temps il me restait à vivre il y a huit mois, réponse: deux à quatre ans. Je le lui redemandé récemment même réponse. Alors, je me dis que si je lui repose la question dans quatre ans il va peut être me dire dans deux à quatre ans. Ça vaut la peine d'essayer en tout cas.

Ce qui me fait douter de son verdict, c'est qu'après m'avoir dit les chiffres il fait un drôle de bruit d'expiration, assez sonore et surprenant, comme s'il se dégonflait subitement et il m'a fait ça à deux occasions. J'ai un peu l'impression qu'il dit la même chose à tous ses patients, comme pour s'en sortir, même s'il ne peut être sûr de rien.

Moi, si j'étais à sa place je dirais: "Quand tu seras sur le point de mourir je te le dirai combien de temps il te restais à vivre. En attendant j'essaie de te garder en vie "faque achales moi pus" avec ces questions de prédiction. Quant à moi, tu serais mieux d'aller te faire lire les lignes de la main".

Mais, c'est un très bon médecin plein d'empathie, calme et pondéré, il ne me dirait jamais une telle chose alors, disons que j'espère que c'est comme un bail et que c'est renouvelable.

Pour l'instant, je me sens bien dans mon corps, même plus en forme que jamais puisque à cause ou grâce à certains changements dans ma vie, j'ai maintenant un chien à moi tout seul et à temps plein que je dois sortir deux fois par jour. J'habite maintenant au troisième étage, alors plus question que je lui ouvre la porte pour qu'il aille faire ses besoins.

Même par moins mille degrés, je dois m'habiller et affronter les éléments. Après me les être gelées quelques fois, je sais enfin comment m'habiller selon la température et je n'ai jamais autant consulté la météo.

C'est dans la tête que ça va moins bien. Je devais mourir, mais rien à faire ça ne vient pas, alors je me retrouve au milieu du (presque) vide sidéral que j'ai créé dans ma vie. J'ai du temps, mais en dehors des sorties avec pitou, je ne sais pas quoi en faire de ce temps.


C'est quand même cocasse, depuis qu'on m'a dit qu'il me restait peu de temps, je n'ai jamais trouvé le temps aussi long.

C'est difficile de commencer, d'initier quelque chose en sachant qu'il y aura des points de suspension à plus ou moins brève échéance. Quand je pense que j'ai dit dans un de mes premiers textes que je me sentais libéré du poids de la vie. Je disais même que le temps était élastique, mais je peux vous dire que l'élastique m'a "pété dans la face".

Bon, sur ce je vous laisse, j'ai rendez-vous chez ma psy.

Mais non c'est une blague, en fait j'en ai consulté une, mais ma conclusion, après trois séances fut que je trouve toujours ma rédemption dans la création: dessiner, chanter, écrire. Alors de là ce blogue que je reprends aujourd'hui, bien plus pour moi que pour vous, je m'en excuse.

Finalement, j'ai un jeu à vous proposer. Vous prenez la photo de mon crâne vous l'imprimez à un format un peu plus grand, vous l'affichez sur un mur. Puis, vous prenez une push pin que vous essayez de planter dans ma tumeur avec 
les yeux bandés,bien sûr.Comme le jeu de l'âne quoi! Ça ferait un peu vaudou aussi et peut être que ça aiderait à ce qu'elle se tienne tranquille

Ceci dit je ne sais pas moi-même où elle est ma tumeur. À chaque fois qu'ils me la montrent, j'oublie, c'est tellement tout pareil.

Pour conclure, en ces pages, je vous raconterai mon "anus horibilis" en voici un exemple:
En me réveillant ce matin, je me suis dit "Hey, il me semble que ça fait un bout qu'il ne m'est pas arrivé de malheur". Tout joyeux je me penche vers mon chien pour l'embrasser sur la tête, mais elle, surprise par cet élan improvisé, relève la tête subitement en me frappant le menton. Résultat, une "babine" fendue.


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