samedi 28 décembre 2013

Errol et l'éternité




MON GRAND-PÈRE ERROL ET L'ÉTERNITÉ

En ce merveilleux temps des fêtes, je me disais qu'il serait de mise de vous raconter une histoire un tantinet plus positive que ce que je vous ai raconté récemment.

Je veux vous parler du fait que je suis éternel, oui, oui, éternel et de ce fait, vous aussi. C'est quand même une bonne nouvelle, n'est ce pas?

Je ne suis plus croyant depuis longtemps et tous les ésotérismes me hérissent au plus haut point, alors la petite histoire qui m'est arrivée m'a étonné quelque peu.

Il y a de cela une trentaine d'années, je discutais de tout et de rien avec mon grand-père Errol qui devait bien avoir 80 ans à l'époque. C'était un homme simple mais qui avait une opinion sur tout. Il me racontait comment, à son époque, les prêtres régissaient la vie des gens et leurs façons de penser. On sentait encore tout le ressentiment qu'il avait contre l'église Catholique. Il conclut sa tirade anticléricale sur cette phrase: "Les fleurs ont pas besoin de demander la permission pour pousser."

Un libre penseur le Errol.

De retour chez moi, je me suis couché, je me suis endormi, mais vers trois heures du matin, je me suis réveillé en sursaut et en m'asseyant dans mon lit je me suis dit : "Je suis ÉTERNEL!"

En me levant, j'avais encore dans la tête la vision fugace de la fleur de mon grand-père.

C'est la seule fois de ma vie où j'ai eu une telle révélation. Mais en a-t-on besoin d'une autre? Fini pour moi la peur de mourir. Quand on m'a annoncé que j'allais mourir bientôt, je n'ai même pas bronché et la docteure un peu surprise de mon manque de réaction m'a dit que je devais être un analytique, alors que je suis tout sauf ça. Elle ne connaissait pas mon secret.

Par contre, il fallait quand même que je comprenne pourquoi nous étions éternels. C'est que la création, l'univers entier est éternel, mais pas de la façon dont on le pense. Quand une étoile meurt, pensez vous qu'elle se réincarne en fée des étoiles ou en chanteuse à Star Académie. Elle est composée d'atomes et ces atomes sont et seront toujours, ils se dispersent simplement dans l'univers comme ceux de l'espèce humaine dans un grand ballet cosmique.

L'homme dans son grand nombrilisme, essaie toujours de faire de lui-même un être spécial, supérieur, alors qu'il n'est qu'une infime partie d'un tout immensément grand. Si vous regardez le ciel en vous disant que vous faites partie de cet ensemble que chacun de vos atomes est le frère de tous les atomes de l'univers, vous vous sentirez immensément grand et en paix.

Il faut avoir l'humilité de comprendre que nous ne sommes rien. Tous les efforts que nous faisons pour être quelqu'un, différent, pour se dépasser, comme c'est la mode de le dire par les temps qui courent, ça ne reste qu'au niveau humain et dans quelques siècles il en restera bien peu de chose. Si vous regardez le firmament et que vous vous dites que vous êtes bien petit, vous allez passer votre vie à essayer de vous grandir, de prendre le plus de place possible et ça, c'est bien humain.

Mais, quand on vous met devant votre finitude, les perspectives changent totalement, je ne suis qu'une infime partie d'un grand tout, mais je suis ÉTERNEL, pas trop mal pour un ti-cul de  Villeray.

P.S. Toute ressemblance avec les théories Bouddhistes et celle de Hubert Reeves sont tout à fait fortuites. J'ai écrit ce texte avant de me rendre compte que ça ressemblait beaucoup au Bouddhisme et c'est en écrivant sur les étoiles que je me suis rappelé du titre du livre de M. Reeves, "Poussières d'étoiles", qui expose les choses d'une façon assez semblable.

Les grands esprits se rencontrent ;-D.

D'ailleurs, si vous voulez partir une religion au nom de mon grand- père ( l'Errolisme?), ne vous gênez pas, et j'accepte les dons.



samedi 21 décembre 2013

Anniversaire de ma Tumeur

L'ANNIVERSAIRE DE MA TUMEUR


C'est aujourd'hui l'anniversaire de ma tumeur, ou plutôt de sa découverte. Je ne saurai jamais quand elle est apparue, mais je sais très bien quand elle va disparaître, car je disparaîtrai en même temps qu'elle dans les flammes du four crématoire. Déjà un an, ça signifie que selon mon premier médecin il ne me reste qu'un an à vivre et selon mon dernier médecin, trois.

J'ai demandé à mon oncologue combien de temps il me restait à vivre il y a huit mois, réponse: deux à quatre ans. Je le lui redemandé récemment même réponse. Alors, je me dis que si je lui repose la question dans quatre ans il va peut être me dire dans deux à quatre ans. Ça vaut la peine d'essayer en tout cas.

Ce qui me fait douter de son verdict, c'est qu'après m'avoir dit les chiffres il fait un drôle de bruit d'expiration, assez sonore et surprenant, comme s'il se dégonflait subitement et il m'a fait ça à deux occasions. J'ai un peu l'impression qu'il dit la même chose à tous ses patients, comme pour s'en sortir, même s'il ne peut être sûr de rien.

Moi, si j'étais à sa place je dirais: "Quand tu seras sur le point de mourir je te le dirai combien de temps il te restais à vivre. En attendant j'essaie de te garder en vie "faque achales moi pus" avec ces questions de prédiction. Quant à moi, tu serais mieux d'aller te faire lire les lignes de la main".

Mais, c'est un très bon médecin plein d'empathie, calme et pondéré, il ne me dirait jamais une telle chose alors, disons que j'espère que c'est comme un bail et que c'est renouvelable.

Pour l'instant, je me sens bien dans mon corps, même plus en forme que jamais puisque à cause ou grâce à certains changements dans ma vie, j'ai maintenant un chien à moi tout seul et à temps plein que je dois sortir deux fois par jour. J'habite maintenant au troisième étage, alors plus question que je lui ouvre la porte pour qu'il aille faire ses besoins.

Même par moins mille degrés, je dois m'habiller et affronter les éléments. Après me les être gelées quelques fois, je sais enfin comment m'habiller selon la température et je n'ai jamais autant consulté la météo.

C'est dans la tête que ça va moins bien. Je devais mourir, mais rien à faire ça ne vient pas, alors je me retrouve au milieu du (presque) vide sidéral que j'ai créé dans ma vie. J'ai du temps, mais en dehors des sorties avec pitou, je ne sais pas quoi en faire de ce temps.


C'est quand même cocasse, depuis qu'on m'a dit qu'il me restait peu de temps, je n'ai jamais trouvé le temps aussi long.

C'est difficile de commencer, d'initier quelque chose en sachant qu'il y aura des points de suspension à plus ou moins brève échéance. Quand je pense que j'ai dit dans un de mes premiers textes que je me sentais libéré du poids de la vie. Je disais même que le temps était élastique, mais je peux vous dire que l'élastique m'a "pété dans la face".

Bon, sur ce je vous laisse, j'ai rendez-vous chez ma psy.

Mais non c'est une blague, en fait j'en ai consulté une, mais ma conclusion, après trois séances fut que je trouve toujours ma rédemption dans la création: dessiner, chanter, écrire. Alors de là ce blogue que je reprends aujourd'hui, bien plus pour moi que pour vous, je m'en excuse.

Finalement, j'ai un jeu à vous proposer. Vous prenez la photo de mon crâne vous l'imprimez à un format un peu plus grand, vous l'affichez sur un mur. Puis, vous prenez une push pin que vous essayez de planter dans ma tumeur avec 
les yeux bandés,bien sûr.Comme le jeu de l'âne quoi! Ça ferait un peu vaudou aussi et peut être que ça aiderait à ce qu'elle se tienne tranquille

Ceci dit je ne sais pas moi-même où elle est ma tumeur. À chaque fois qu'ils me la montrent, j'oublie, c'est tellement tout pareil.

Pour conclure, en ces pages, je vous raconterai mon "anus horibilis" en voici un exemple:
En me réveillant ce matin, je me suis dit "Hey, il me semble que ça fait un bout qu'il ne m'est pas arrivé de malheur". Tout joyeux je me penche vers mon chien pour l'embrasser sur la tête, mais elle, surprise par cet élan improvisé, relève la tête subitement en me frappant le menton. Résultat, une "babine" fendue.